Art contemporain

Clermont-Ferrand (63)

Les artistes du prix Duchamp portés aux nues

Frac Auvergne - Jusqu’au 30 avril 2022

Par Vincent Delaury · L'ŒIL

Le 23 février 2022 - 435 mots

Coup de cœur Pour fêter les 20 ans du prix, le Frac Auvergne a la bonne idée de proposer une exposition faisant le point sur vingt années de mise en lumière de la création dans l’Hexagone.

En partenariat avec l’Adiaf (l’Association pour la diffusion internationale de l’art français organisatrice du Prix Marcel Duchamp), « Plus haut que les nues » réunit 18 artistes, lauréats ou nommés (Éric Baudelaire, Clément Cogitore, Carole Benzaken, Adam Adach, Philippe Cognée, Stéphane Couturier, Richard Fauguet, Camille Henrot, Didier Marcel, Éric Poitevin, Zineb Sedira, Damien Cabanes, Valérie Favre, Bernard Frize, Pascal Pinaud, Ida Tursic & Wilfried Mille), sur deux lieux clermontois : le Frac et La Canopée du Groupe Michelin, partenaire de l’événement. Toutes les œuvres présentées appartiennent au Frac Auvergne, à l’exception de deux tableaux signés Philippe Cognée, issus de collections privées. Empruntant son titre à la chanson Vénus de Bashung (« plus haut que les nues… à savoir qui vole haut, parmi les nuages »), cette exposition collégiale, au parcours pédagogique fluide (chaque œuvre s’accompagne d’un cartel explicatif précis), offre aux visiteurs l’occasion unique de regarder à la loupe la création française sur vingt ans. Loin des nus académiques, qui longtemps ont enfermé l’art dans des codes visuels et artistiques figés, les plasticiens contemporains rassemblés ici n’hésitent pas, dans l’ombre tutélaire de l’auteur du Grand Verre,à pousser toujours plus loin les limites de l’art afin de trouver de nouvelles approches perceptives du vivant. On note ainsi des constantes, telles la figure reine de l’entre-deux et la présence du cinéma en creux, cet art du mouvement s’invitant, en douce, chez Baudelaire, Henrot, Tursic & Mille. Oscillant en permanence entre peinture et photographie, certains créateurs, tels Cognée, Couturier, Poitevin et Sedira, créent des images doubles des plus troublantes, car résistant à toute lecture univoque. Quant à Camille Henrot, via sa remarquable série photographique reprenant sa vidéo King Kong Addition, la conduisant à superposer des images extraites des trois versions du film King Kong (1933, 1976, 2005), elle soulève malicieusement, avec ses écrans-palimpsestes ainsi obtenus, la surface de l’image cinématographique, standard et canonique (ici, les normes des majors hollywoodiennes et de l’impérialisme américain) pour voir ce qui s’y trame, entre machinerie et machination. En attendant sa prochaine installation à la Halle aux blés, courant 2022, dans un espace plus vaste (3 000 m²) qui lui permettra d’avoir un impact encore plus grand sur la ville et sa région, le Frac Auvergne frappe un grand coup. L’exposition menée de main de maître par le directeur du Frac (Jean-Charles Vergne) et sa chargée des publics (Laure Forlay) rappelle combien le métier d’artiste permet d’interroger, sans œillères, l’humaine condition.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°752 du 1 mars 2022, avec le titre suivant : Les artistes du prix Duchamp portés aux nues

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