Archéologie

Le Rhône, entre Arles et Genève

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 13 mars 2019 - 550 mots

GENEVE / SUISSE

À Genève, le Musée d’art et d’histoire entraîne le visiteur sur le Rhône antique et retrace studieusement la vie quotidienne de l’époque sur les rives rhodaniennes.

Genève. Près de dix ans après l’exposition événement « César, le Rhône pour mémoire » au Musée départemental Arles antique (MADAA), « César et le Rhône. Chefs-d’œuvre antiques d’Arles » revient sur le rôle du Rhône, cet axe majeur de communication depuis la préhistoire, dans la construction de l’Empire romain.

Cette fois-ci, le musée arlésien a été invité chez un cousin suisse : le Musée d’art et d’histoire de Genève (MAH), qui conserve dans ses murs un échantillon non négligeable de vestiges arlésiens. « À Genève, les collections sont décontextualisées, tandis qu’à Arles ce sont des collections d’archéologie moderne et contemporaine », explique Jean-Yves Marin, directeur français du musée suisse. L’homme connaît bien son homologue arlésien, chacun se situant à une extrémité de l’artère fluviale. « La complicité amène la confiance, nécessaire dans ce type de projet », souligne Claude Sintes, directeur du MADAA.

Un César puissant et sensible

En mêlant les collections des deux musées, l’exposition plonge le visiteur dans une société antique, miroir inversé de la situation actuelle. Dans l’Antiquité, Arles est la plaque tournante du commerce international et Genève, une simple bourgade. À l’aide d’un ton clair, studieux et sérieux, l’exposition, qui vise en particulier les publics scolaires et les enfants, enchaîne cinq sections thématiques entre vie quotidienne, art, urbanisme, commerce ou croyance.

Tout commence au IIe siècle av. J.-C. avec l’édification (peu documentée) de monuments dans la cité alors appelée « Arelate ». Les choses s’accélèrent en 46-45 av. J.-C. : la ville reçoit le statut de colonie de droit romain, sans doute grâce à son choix judicieux de soutenir César face à Pompée. À la mort du dictateur, la ville conserve le soutien d’Octave, futur Auguste. Au cours des décennies suivantes, Arles gagne le surnom de « petite Rome des Gaules ».

Une très belle statue d’un captif en cuivre, sorti des eaux arlésiennes en 2007, illustre la lutte des Romains contre les « barbares », la soumission des vaincus, y compris celle des Gaules, et la domination des vainqueurs. Sur un denier en argent issu des collections suisses, l’iconographie politique césarienne s’étale : sous un trophée d’armes figurent un captif et une captive à genoux, soumis à la puissance militaire romaine. César est omniprésent dans le parcours, figure tutélaire de la cité, jusqu’au climax de l’exposition qu’est son buste présumé découvert en 2007, si médiatisé lors de l’exposition arlésienne de 2009. Puissant et sensible, il suscite encore les interrogations des chercheurs, divisés sur son identification.

Le Louvre a prêté sa monumentale Vénus d’Arles, placée devant un miroir sur un piédestal, invitant à la contemplation sous toutes ses coutures de ce chef-d’œuvre célébré par les écrivains et les poètes. Sa qualité laisse supposer l’extrême richesse du décor du théâtre antique d’Arles. Parmi les chefs-d’œuvre, les objets vernaculaires racontent aussi Arles. Tel ce coffre sorti des eaux en 2013 et exposé pour la première fois après sa restauration. Sur une âme de bois, des lames de cuivre et de fer et des clous en cuivre donnent sa solidité à la boîte qui a perdu sa serrure : son contenu, sans doute précieux, a disparu depuis longtemps, dans la poche d’un voleur ou au fond du Rhône, lequel n’a pas fini de rendre ses trésors.

César et le Rhône. Chefs-d’œuvre antiques d’Arles,
jusqu’au 28 mai, Musée d’art et d’histoire, 2, rue Charles-Galland, Genève

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°519 du 15 mars 2019, avec le titre suivant : Le Rhône, entre Arles et Genève

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