Londres

L’avant-garde belge 1880 - 1900

De l’Impressionnisme au Symbolisme

Le Journal des Arts

Le 1 septembre 1994 - 615 mots

La Royal Academy de Londres présente, du 7 juillet au 2 octobre, une exposition sur l’avant-garde belge. Dès 1883, Bruxelles était l’une des capitales artistiques les plus vivantes et les plus cosmopolites d’Europe.

LONDRES - Le public britannique n’avait pas eu l’occasion de revoir l’art belge de la fin du XIXe depuis l’exposition post-impressionniste de la Royal Academy, voici une quinzaine d’années, où étaient présentés, groupés avec la Hollande, huit artistes et vingt-cinq toiles. Difficile, avec une présence aussi modeste, de se faire une idée claire des grandes figures de l’art belge et de sa contribution aux différents mouvements de la fin du siècle.

Les expositions qui lui sont consacrées en dehors de la Belgique sont d’ailleurs rares, aux remarquables exceptions près de celles de Paris, en 1970, intitulée "D’Ensor à Permeke", du Brooklyn Museum, en 1980, baptisée "Belgian Art : 1880-1914" et, plus récemment, de la grande rétrospective itinérante consacrée au groupe "Les Vingt and the Belgian Avant-garde", organisée par le Kansas Spencer Museum of Art, qui a réunit livres, gravures et dessins.

Le groupe des Vingt et la Libre Esthétique
L’exposition qui s’est installée pour trois mois à la Royal Academy compense en partie cette négligence, en présentant soixante peintures, sculptures et bas-reliefs réalisés par une trentaine d’artistes. Comme son titre le suggère, elle explore les résonances des courants internationaux dans l’art belge au cours des dernières décennies du XIXe.

Dans les grands centres artistiques que sont Bruxelles, Anvers et, dans une moindre mesure, Gand, on suit l’évolution de cette avant-garde, au rythme des différents groupes qui naissent les uns des autres: la Société libre des Beaux-Arts, la Chrysalide, l’Essor, et surtout le groupe des Vingt et son successeur, la Libre Esthétique.

Créés en 1883, par des artistes en pleine révolte contre l’académisme comme James Ensor, Willy Finch, Fernand Khnopff et Théo van Rysselberghe, avec Octave Maus, comme secrétaire du groupe, les Vingt vont faire de Bruxelles l’une des capitales artistiques les plus vivantes et les plus cosmopolites d’Europe.

La Libre Esthétique
Ouverts à toutes les formes d’expression et d’innovation, ils invitent chaque année vingt de leurs confrères à leur propre exposition collective. En dix ans d’existence, le groupe présentera ainsi cent vingt artistes encore peu connus à l’époque, ou très controversés : Gauguin, Van Gogh, Seurat sont du nombre. Dans le sillage du réalisme caractéristique de James Ensor, dont La Musique russe fournit un bon exemple, ils assimilent et interprètent à leur façon l’impressionnisme, le néo-impressionnisme, le symbolisme et le courant des arts décoratifs, qui tour à tour marqueront leurs expositions.

En 1893, Maus suggère de dissoudre le groupe au sommet de sa gloire, pour lui substituer la Libre Esthétique qui, jusqu’à sa disparition au début de la Première Guerre mondiale, portera l’étendard de l’avant-garde. Ce groupe témoignera d’un grand intérêt pour les arts décoratifs et pour des courants nouveaux dans la peinture, en invitant par exemple les Fauves, Matisse et Marquet, en 1906. On peut donc regretter que l’exposition n’aille pas au-delà du XIXe siècle et qu’elle ne traite que succinctement des arts appliqués. L’exposition du Brooklyn Museum avait donné un aperçu plus large de la période, mais la Royal Academy a sans doute voulu éviter de présenter une reprise de celle-ci.

Cette exposition n’en constitue pas moins une manifestation bienvenue autour d’un aspect essentiel et négligé de l’histoire de l’art moderne. L’exposition est sponsorisée par la Société Générale de Belgique, Tractchel et l’Union Minière. Le catalogue illustré réunit des textes de Robert Hoozee, directeur du Musée des beaux-arts de Gand, de Jean Buyck du Musée royal des beaux-arts d’Anvers, et de Ian Brock de l’université de l’Illinois.

\"De l’Impressionnisme au Symbolisme. L’avant-garde belge, 1880-1900\"

Royal Academy, Londres, 7 juillet - 2 octobre 1994.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°6 du 1 septembre 1994, avec le titre suivant : L’avant-garde belge 1880 - 1900

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