L’art et la politique en Géorgie

C’est dans ce cadre qu’est proposée une exposition consacrée à l’avant-garde en Géorgie. Le parcours, qui s’étend de 1900 à 1936, montre clairement l’impossibilité de séparer art et politique dans ce pays qui a subi l’occupation de l’empire russe, puis celle de l’Union soviétique. Au cœur de l’exposition, sont évoquées les trois courtes années pendant lesquelles la Géorgie fut indépendante, de 1918 à 1921. À l’entrée, Le Chemin de l’an – La carte du modernisme géorgien, la seule œuvre récente, exécutée en 2018 par Levan Chogoshvili, rend hommage au groupe 41°, le principal rassemblement artistique de ce pays, né un siècle plus tôt à Tbilissi. Les travaux qui suivent montrent les rapprochements entre un art qui s’inscrit dans la tradition locale (un réalisme stylisé) et différents mouvements de la modernité : le symbolisme, par des artistes qui ont complété leur formation à Munich, comme Guigo Gabashvili ou Alexander von Salzmann, le primitivisme inspiré par Larionov et Gontcharova, le cubisme et le futurisme, « importés » par les peintres qui ont séjourné à Paris, par David Kakabadzé entre autres. Particulièrement intéressants sont les dessins préparatoires pour les décors de théâtre et les costumes, un domaine qui a gardé une certaine liberté d’expression, même après 1921. Une liberté à laquelle la peinture n’a pas eu droit. Deux toiles de Kakabadzé en font la démonstration. La première date de 1917 : on y voit un paysage magnifique, un puzzle d’une richesse chromatique étonnante. La seconde, réalisée en 1947, reprend le même paysage mais avec une centrale hydraulique au premier plan. Le camarade Staline est passé par là.