Art contemporain

Paris-16e

La magie de la couleur

Fondation Louis Vuitton – Jusqu’au 2 avril 2024

Par Itzhak Goldberg · L'ŒIL

Le 21 novembre 2023 - 341 mots

Cheminement -  Annoncée depuis longtemps, attendue impatiemment, l’exposition de Mark Rothko se déploie dans l’ensemble de l’Espace Vuitton.

Accompagnée de tous les superlatifs – la plus grande, la plus complète, la plus belle –, elle s’ajoute à la liste déjà bien garnie d’événements orchestrés par la fondation. On voit mal un musée français capable de réunir 115 œuvres, venant de partout, étant donné les dépenses colossales que cette entreprise implique. Sans doute la présence de Suzanne Pagé, l’ancienne directrice du Musée d’art moderne de Paris, à qui l’on doit déjà la magnifique présentation de l’artiste américain en 1999, et celle de Christopher Rothko, le fils du peintre, ne sont-elles pas étrangères à cette réussite. Autre facteur important de succès, l’accrochage suit parfaitement les indications posthumes de Rothko, très pointilleux, voire maniaque, à cet égard. Selon Suzanne Pagé, qu’il s’agisse de la couleur des murs, de l’intensité de l’éclairage, plus ou moins atténué, ou encore de la hauteur des toiles (très basse, pas plus de 40 cm du sol), l’ensemble suit parfaitement les désirs de l’artiste. À juste titre d’ailleurs, car grâce à ce dispositif le spectateur, pour autant qu’il s’approche de l’œuvre – en espérant ne pas déclencher une alarme –, est immergé dans ses couleurs-lumières irradiantes. Le parcours chronologique débute avec les œuvres des années 1930 et 1940, moins connues, car moins souvent montrées ou reproduites. On y voit clairement l’influence des surréalistes – essentiellement de Matta – qui séjournent à cette époque aux États-Unis ou celle des mythes et symboles universels recyclés par le peintre. Non satisfait par la figuration, même dans une version non mimétique, Rothko fait appel à des surfaces colorées et, pendant deux ans, dans un cycle intitulé Multiform recouvre divers supports, toile ou papier, de taches qui semblent flotter sur la surface. Puis il ne garde que deux ou trois éléments et, en les disposant de façon symétrique, simplifie la composition. Un cheminement qui permet, certes a posteriori, de suivre in vitro ce miracle par lequel les formes s’unissent et se transforment en nappes de couleur.

« Marc Rothko »,
Fondation Louis Vuitton, 8, avenue du Mahatma-Gandhi, Paris-16e, www.fondationlouisvuitton.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°770 du 1 décembre 2023, avec le titre suivant : La magie de la couleur

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