La force malicieuse de Liliana Porter

Dans le choix de ses matériaux d’abord, du papier qu’elle froisse aux figurines de plastique ou de porcelaine chinées dans les marchés aux puces qu’elle agence dans ses compositions – la plasticienne déclare d’ailleurs avoir entretenu des liens avec plusieurs artistes de l’Arte Povera dont elle se sentait proche. Ce sont aussi d’humbles personnages qu’elle choisit de mettre en scène, notamment dans l’installation créée pour les Abattoirs, montrant une minuscule balayeuse face à un amoncellement d’objets (To Sweep, 2023). On remarque ensuite la récurrence, à travers la diversité des médiums abordés, de la gravure aux installations, du dessin à la photographie et à la vidéo, du motif de la ligne. Que Liliana Porter intègre, dans les années 1970, des images de son corps à des dessins muraux, dont le trait déborde du cadre, ou qu’elle tende dans l’espace un fil de coton blanc, comme dans Tejedora (2017), l’accrochage muséographique permet ainsi de saisir l’ambivalence d’un travail où la rigueur conceptuelle est en permanence contrebalancée par un humour malicieux, en dialogue avec l’histoire de l’art. Ainsi d’Untitled at Sea (2018), où un bateau aux dimensions de jouet semble sur le point de sombrer dans une éclaboussure de peinture, métaphore de l’expressionnisme abstrait américain.