Musée des Beaux-Arts, Lyon Jusqu’au 19 juillet 2010

La confrontation des frères Bram et Geer Van Velde

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 26 avril 2010 - 396 mots

D’origine hollandaise, installés à Paris en 1925, ils étaient frères et tous deux peintres. L’aîné, Bram (1895-1981), est resté longtemps méconnu jusqu’à ce qu’il attire enfin l’attention de la critique vers la fin des années 1950.

Geer, le cadet (1898-1977), connut quant à lui une certaine notoriété à la veille de la Seconde Guerre mondiale pour s’isoler assez vite et poursuivre son œuvre sur un mode plutôt confidentiel. Tous deux amis de Samuel Beckett, qui leur consacra en 1945 une magnifique étude – La Peinture des Van Velde ou Le Monde et le pantalon –, ils ont mené chacun leur route : l’un quêtant après une peinture plate et diluée allant vers la laideur, voire l’affolement ; l’autre visant à matérialiser le phénomène physique et émotionnel de la lumière solaire.

« Je ne signe plus mes toiles. On ne peut mettre un nom sur ce qui dépasse l’individu. » Énoncée par Bram au milieu des années 1940, la formule est à entendre au sens le plus fort d’un rapport d’humilité que l’artiste a toujours entretenu à la peinture. Après s’être progressivement détaché de la Figuration, il a échafaudé les termes d’une peinture abstraite, construite à partir d’un canevas structurel tracé au lavis puis recouverte par la succession de couches de matière opaque, tantôt à la gouache, tantôt à l’huile. « Quand la toile est plate, je jubile », disait-il. Parce qu’il affectionnait tout particulièrement la fluidité des matériaux, voire que la peinture coule et prenne possession elle-même de la surface du tableau, Beckett écrivit que Bram Van Velde peignait « l’étendue ».

Davantage attaché au réel mais animé du souci de réduire couleur et espace, ainsi qu’en témoigne la série des Ateliers (1948-1952), l’art de Geer Van Velde relève de compositions puissamment charpentées. Celles-ci s’appuient sur une architecture de segments noirs qui organisent l’espace en plans démultipliés quasi monochromes, leur texture mate conférant à l’image peinte une tenue et une résistance qui la préserve de toute atteinte extérieure. Puis, en quête d’un équilibre de surfaces-couleurs disloquées, la peinture de Geer évolue peu à peu vers une forme qui frise l’abstraction se donnant à voir dans des formats carrés dont l’espace isotrope concentre le regard. Une rencontre sous la forme d’une confrontation esthétique.

« Bram et Geer Van Velde, deux peintres, un nom », musée des Beaux-Arts, place des Terreaux, Lyon (69), www.mba-lyon.fr, jusqu’au 19 juillet 2010.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°624 du 1 mai 2010, avec le titre suivant : La confrontation des frères Bram et Geer Van Velde

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