Kuramata l'aérien

L'ŒIL

Le 1 novembre 1998 - 271 mots

Kuramata l’aérien, le poète, le lunaire, le funambule en équilibre entre les transparences et les effacements... Le design, de par sa qualité industrielle et fonctionnelle, induit plutôt d’avoir les pieds sur terre, la géométrie solide et les boulons serrés. Or le design de ce grand maître japonais, trop tôt disparu, révèle le contraire. Kuramata donnait chair à des rêveries. Ettore Sottsass, qui l’adorait, l’avait fait venir travailler avec lui à Milan dans les années quatre-vingt, dans le groupe Memphis.
Il fait aujourd’hui la scénographie de cette exposition, et dit de lui : « Shiro ne s’aidait pas de la couleur mais de la lumière, de pensées, des nuages, des transparences, du vide, de l’incertitude, des lignes. » Sans doute est-ce pourquoi le verre était son matériau préféré.
Il souhaitait avant tout suggérer. Il proposait des objets d’illusion : la commode Side 1 et 2 qui se déhanche et danse ; un énorme fauteuil façon club qui est tout allégé grâce à son fin treillis de métal, un lit long, long, qui s’allonge encore comme le nez de Pinocchio et qui évoque une œuvre de Marcel Duchamp, ou encore la chaise brillante comme du papier de bonbon fleuri, Miss Blanche, qui est inspirée de la robe que portait une héroïne de Tennessee Williams. Tous devenus des classiques ! Signalons le flair et la fidélité de l’entreprise italienne Capellini, qui non seulement l’a toujours édité mais, grâce à ses archives, se propose d’éditer chaque année une nouvelle pièce encore inconnue. Les rares amis qu’avaient ce solitaire et qui lui rendent hommage, s’appelaient Issey Miyaké et Tadao Ando... D’autres géniaux rêveurs

Musée des Arts décoratifs, jusqu’au 27 décembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°501 du 1 novembre 1998, avec le titre suivant : Kuramata l'aérien

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