Sculpture

Bilbao (Espagne)

Gego, sculptrice du vide

Musée Guggenheim – Jusqu’au 4 février 2024

Par Itzhak Goldberg · L'ŒIL

Le 23 janvier 2024 - 290 mots

Géométries - « Dessins sans papier », c’est ainsi que Gego baptise magnifiquement ses travaux exécutés entre 1976 et 1988.

On pourrait aisément appliquer cette appellation à l’ensemble de son œuvre, qui fait appel au vide et à l’impalpable. Gego ? Soyons honnêtes, peu nombreux sont ceux qui connaissent cet étrange surnom de l’artiste – née Gertrud Goldschmidt à Hambourg en 1912 et décédée à Caracas en 1994. Après des études d’architecture et d’ingénierie, elle fuit en 1933 l’Allemagne pour le Venezuela, où elle travaille quelque temps dans un cabinet d’urbanisme. Toutefois, en 1953, installée à Tarmas, sur la côte caribéenne de ce pays, elle entame une nouvelle carrière. Pendant trois décennies, ses travaux explorent des formes géométriques – dessins, peintures, textiles et surtout des structures dans l’espace. Difficile, en effet, de trouver un terme plus précis pour ces travaux en trois dimensions, réalisés en fil de fer ou de cuivre, en cordes et en fils tissés, sans doute la partie la plus impressionnante de cette production plastique singulière. Peut-on parler de sculptures ou d’installations face à ces volumes transparents, d’une légèreté exceptionnelle, ces constructions arachnéennes sous forme triangulaire ou pyramidale, ces réseaux accrochés au plafond par des liens invisibles ? L’artiste baptise ces constellations flottantes de géométrie irrégulière, qui se tiennent dans un équilibre précaire, « réticulaires », terme qu’elle utilise pour désigner différentes structures en forme de réseau (Reticulárea individual n° 2, 1969). Ainsi, conjuguant la précision d’un ingénieur d’inutilité publique à la performance d’un jongleur de vides, ces œuvres font pénétrer le visiteur dans une sorte de galaxie limpide, un dédale à mi-chemin entre une mécanique de haute précision et des signes calligraphiques poétiques. Structures d’une liberté plastique totale, ou, comme le formulait Calder, objets sculptés dans l’espace qui ne proposent aucune histoire.

« Gego. Comment mesurerl’infini »,
Musée Guggenheim, 2 avenue Abandoibarra, Bilbao (Espagne).

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°772 du 1 février 2024, avec le titre suivant : Gego, sculptrice du vide

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