Patrimoine militaire

Garde à vous !

Le Musée de l’armée, à Paris, retrace l’histoire de la garde impériale russe.

Par Margot Boutges · Le Journal des Arts

Le 2 novembre 2010 - 490 mots

PARIS - « Votre régiment a fait son devoir avec honneur », déclara Napoléon au prince Repnine après la bataille d’Austerlitz le 2 décembre 1805, témoignant ainsi à la Russie du respect dû aux braves.

Catherine II avait un goût prononcé pour le vin de Champagne et Élisabeth Vigée-Lebrun se réfugia à Saint-Pétersbourg après la chute de l’Ancien Régime en France. L’exposition « Au service des tsars » au Musée de l’Armée, à Paris, égrène un florilège de fiches pédagogiques qui sont autant de clins d’œil échangés par deux nations désireuses de flatter d’ancestrales bonnes relations. Des intermèdes diplomatiques qui scandent inutilement le parcours et donnent à sourire tant ils s’insèrent artificiellement dans le propos d’une exposition où la France n’a guère sa place. La manifestation retrace l’histoire de la garde impériale, élite de l’énorme organisme que formait l’armée russe, depuis sa création en 1683 sous le règne de Pierre le Grand jusqu’à sa dissolution provoquée par la révolution d’Octobre en 1917. Elle aurait pu être très réussie si, sous le couvert du label « Années croisées France-Russie », elle n’avait pas vu son discours pollué. 

Des prêts de l’Ermitage
Ont été rassemblés uniformes, équipements, armes, estampes, tableaux et pièces d’art décoratif provenant en grande majorité des collections du Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, prêteur régulier du Musée de l’armée. Ces œuvres récitent la grande histoire russe, mettant tsars et tsarines au premier plan. À Pierre le Grand succèdent deux portraits d’impératrices à cheval en costume de la garde : Élisabeth Petrovna sous un pinceau anonyme du XVIIIe siècle et Catherine II, figurée le jour du coup d’état qu’elle menât à l’encontre de son époux l’empereur Pierre III le 28 juillet 1762, peinte par Virgilius Eriksen. Des costumes masculins auxquels viennent répondre quelques coupes féminines avec notamment la présentation d’une robe « d’uniforme » de la grande Catherine aux couleurs du régiment.
Le parcours suit les péripéties de la garde, du soulèvement de ses unités pour empêcher l’intronisation de Nicolas Ier, le 14 décembre 1825 (épisode que l’histoire russe a retenu sous le nom de soulèvement des Décabristes) à l’adoption du vert foncé passepoilé d’orange comme couleur d’uniforme. La démonstration s’arrête sur la figure de Nicolas II, dernier tsar de Russie, posant en uniforme du régiment des hussards devant sa résidence de Tsarskoe Selo en 1916. La garde vit avec lui ses derniers moments d’existence avant de s’expatrier devant l’avènement du bolchevisme. Elle laisse ainsi place à un nouveau régime que les très exhaustives « Années croisées France-Russie » évoquent actuellement, d’une certaine façon, à travers l’exposition « Lénine, Staline et la musique » à la Cité de la musique, à Paris. 

AU SERVICE DES TSARS, LA GARDE IMPÉRIALE RUSSE DE PIERRE LE GRAND À LA RÉVOLUTION D’OCTOBRE

Jusqu’au 23 janvier, Musée de l’armée, hôtel national des Invalides, 129, rue de Grenelle, 75007 Paris, tél. 0810 11 33 99, www.invalides.org, tlj 10h-17h. Catalogue, éd. Somogy, 223 p., 29 euros, ISBN 978-2-7572-0410-8

AU SERVICE DES TSARS

- Commissariat : Georges Vilinbakhov, directeur adjoint chargé des questions scientifiques du Musée de l’Ermitage ; et Émilie Robbe, conservatrice du département Moderne du Musée de l’armée
- Nombre d’œuvres : 150

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°334 du 5 novembre 2010, avec le titre suivant : Garde à vous !

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