Art moderne

XIXE SIÈCLE

Edelfelt, le premier Finlandais

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 5 avril 2022 - 515 mots

PARIS

Gloire nationale dans son pays, le peintre qui se situe stylistiquement entre Ilia Répine et Anders Zorn devrait connaître le même succès qu’eux auprès du public français.

Paris. Auprès du très connu Gallen-Kallela, Albert Edelfelt (1854-1905), son aîné, pourrait apparaître comme un peintre de second rang. Il n’en est rien : il est toujours considéré comme le maître de la peinture finlandaise et on peut le découvrir dans quatre-vingts œuvres provenant essentiellement de Finlande et de Suède, présentées sous le commissariat d’Anne-Charlotte Cathelineau, au Petit Palais.

En mai 1874, le jeune aristocrate arrive dans la capitale française dans les pas de son maître d’Helsinki, Adolf von Becker, qui séjourne souvent en France où il a été notamment l’élève de Gustave Courbet durant la courte période pendant laquelle celui-ci a enseigné. Entré dans l’atelier de Jean-Léon Gérôme à l’École des beaux-arts, Edelfelt, très sociable et d’une grande intelligence, s’intègre vite. L’exposition qui se tient actuellement à Maisons-Laffitte (Yvelines), « 1882, un été nordique au château de Maisons », sous le commissariat de Laure Gutman, donne une bonne idée du cercle mondain dans lequel les artistes finlandais, Adolf von Becker, Gunnar Berndtson et Albert Edelfelt évoluent alors à Paris. En 1875, celui-ci rencontre Jules Bastien-Lepage qu’il fréquente jusqu’à la mort prématurée de ce dernier, en décembre 1884. Formé à la peinture d’histoire par Gérôme et adepte du naturalisme pratiqué par Bastien-Lepage, Edelfelt entame une carrière aussi glorieuse en France qu’en Finlande.

Récompensé aux Salons de 1880 et 1882

Le parcours de l’exposition décrit le trajet d’un artiste au succès précoce alternant sujets d’histoire, scènes de genre et portraits, montrés régulièrement au public. Il présente au Salon de 1880 Le Convoi d’un enfant, Finlande (1879). Un essai de Marina Catani, dans le catalogue de l’exposition, explique qu’une telle scène religieuse est alors dans l’air du temps. Il reçoit un prix pour ce tableau car « le jury est composé d’artistes qui privilégient la “nouvelle peinture” et est proche du milieu qui gravite autour de Bastien-Lepage, lui-même membre du jury. » Au Salon de 1882, Edelfelt revient avec Service divin au bord de la mer, Finlande (1881) pour lequel il obtient une médaille de deuxième classe. La toile a été peinte pendant l’été en Finlande et exposée à Helsinki, puis à Saint-Pétersbourg à l’automne 1881, le peintre se trouvant en Russie pour le portrait des enfants du tsar. L’État français propose de l’acheter à l’issue du Salon de 1882. Conseillé par John Singer Sargent, Edelfelt accepte cette transaction qui lui fait perdre de l’argent mais lui permet de figurer dans les prestigieuses collections nationales.

Son plus beau succès sera cependant le Portrait de Louis Pasteur (1885), un exemple parfait du portrait naturaliste qui lui vaut une Légion d’honneur. L’œuvre est acquise par l’État français en 1886. Enfin, Edelfelt était un paysagiste de talent que l’on peut apprécier dans les fonds des scènes de genre comme Enfants au bord de l’eau (1884), mais aussi dans des tableaux de chevalet plus tardifs. En appliquant à ce genre les leçons de l’estampe japonaise, il a influencé Gallen-Kallela qui, en Finlande, travaillait sur le motif avec lui.

Albert Edelfelt. Lumières de Finlande,
jusqu’au 10 juillet, Petit Palais, avenue Winston-Churchill, 75008 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°586 du 1 avril 2022, avec le titre suivant : Edelfelt, le premier Finlandais

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