Architecture

Du sanatorium à l’école d’archi

Par Christian Simenc · Le Journal des Arts

Le 10 novembre 2015 - 734 mots

L’agence Du Besset-Lyon a transformé un bâtiment massif et compartimenté en une construction aérée et ouverte sur le paysage.

CLERMONT-FERRAND - C’est un tour de force, tout en douceur, que vient de réaliser l’agence Du Besset-Lyon, à Clermont-Ferrand, en métamophosant l’ancien sanatorium Sabourin en… une école d’architecture, laquelle a accueilli en septembre sur son nouveau site 550 étudiants. Construit en 1930 par l’architecte Albéric Aubert, le bâtiment d’origine arborait, il est vrai, deux atouts non négligeables. D’abord, sa situation : l’édifice, planté tel un couteau dans les flancs du puy de Chanturgue, se hisse fièrement au milieu des vignes. Ensuite, son architecture, formée de plusieurs entités dont un corps principal – celui des chambres de jadis et des terrasses, orienté plein sud – lequel, si l’on poursuit la métaphore coutelière, consiste en un étonnant « bâtiment-lame », long de près d’une centaine de mètres et large d’une dizaine seulement. Bref, un signal dans le paysage, visible jusqu’à plusieurs kilomètres à la ronde.

Édifice sobre et cubique
L’objectif de l’agence Du Besset-Lyon, qui a remporté le concours en 2008, était de rendre l’édifice plus « transparent », tant physiquement que du point de vue de sa fonctionnalité. Le but est amplement atteint. Côté nord, en lieu et place d’un premier corps de bâtiment massif flanqué d’une rotonde et de deux escaliers monumentaux, le visiteur découvre désormais un édifice sobre et cubique, le hall d’entrée, par lequel il accède de plain-pied. Sur la façade, un large « miroir » constitué de panneaux en inox poli reflète le panorama alentour ou les cieux, selon l’angle d’où on le contemple. L’effet est d’ailleurs plus probant depuis la partie basse du terrain.

À l’intérieur, le hall d’entrée est évidemment le point névralgique du lieu. D’un côté se déploie une ample bibliothèque, baignée de lumière naturelle et surplombant, de manière bucolique, les vignes. De l’autre, en regard, on trouve une salle d’exposition, puis deux amphithéâtres, un petit et un grand, qui se dissimulent dans la pente à forte inclinaison du terrain. En face, quelques marches mènent directement, dans le « bâtiment-lame », à la cafétéria et aux premières salles de cour, ainsi qu’à une passerelle reliant le jardin, au sud. Un grand escalier métallique, couleur pastel, permet de desservir les deux étages supérieurs de cette nouvelle aile.

Subtilement détaché de la construction neuve par une « faille » et réhabilité de pied en cap, ledit « bâtiment-lame » a, lui, été entièrement repensé. La multitude de petites chambres de l’ex-sanatorium a aujourd’hui fait place à de vastes salles de cours. L’agence Du Besset-Lyon a su tirer avantage de la faible épaisseur de l’édifice, même s’il a fallu, normes obligent, installer sur toute la longueur une structure métallique antisismique imposante. Cette « étroitesse » permet d’éclairer généreusement et de manière naturelle les salles de cours et le large couloir attenant. Conservés, les deux escaliers raffinés en granito de style années 1930 grimpent jusqu’aux trois niveaux des salles pédagogiques et à l’étage dévolu à l’administration, avant d’achever leur ascension sur une terrasse où la vue, plein sud, est fatalement imprenable : au premier plan, les étonnantes et historiques rampes d’essai de la firme Michelin, et, à l’horizon, le fameux plateau de Gergovie sur lequel, dit-on, les troupes de Vercingétorix repoussèrent victorieusement les assauts des légions de Jules César.
Cette façade sud, qui, en quelque sorte, était la raison d’être du sanatorium, se révèle très élégante, avec ses avancées en redents et ses larmiers de balcons en forme de « V ». « Ce bâtiment ancien étant classé, les nouvelles fenêtres respectent le dessin originel des menuiseries », précise Dominique Lyon, auteur du projet. Légère pirouette, en revanche, pour les garde-corps, qui, s’ils ont retrouvé leur teinte rouge foncé d’origine, ont été un brin modifiés pour se conformer à la réglementation en vigueur. Au sous-sol enfin, a été aménagée une voie pompiers. Avantage : sa création a permis de dégager plus encore le bâtiment du sol et de percer des ouvertures pour éclairer naturellement des salles subsidiaires.

Également réhabilité, l’ancien bâtiment du personnel médical, situé dans la partie basse de la parcelle, est devenu un restaurant. À l’opposé, sur la hauteur, l’ex-maison du directeur du sanatorium pourrait, elle, se muer en résidence destinée à des artistes.

École d’architecTure de Clermont-Ferrand

Architectes : agence Du Besset-Lyon (Paris)
Surface totale : 11 500 m2, dont 6 500 m2 pour la construction neuve
Budget : 20 M€ HT

École nationale supérieure d’architecture

85, rue du Docteur-Bousquet, 63100 Clermont-Ferrand.

Légende photo
L’école d’architecture de Clermont-Ferrand. © Photo : Axel Dahl.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°445 du 13 novembre 2015, avec le titre suivant : Du sanatorium à l’école d’archi

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