Parmi les célébrations du soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, celles du Musée de l’homme se distinguent par leur ampleur et leur nombre.
Aux photographies de Sebastião Salgado et de Clarisse Rebotier, vient ainsi s’ajouter dans l’Atrium Paul Rivet une série d’œuvres – le plus souvent in situ– signées par neuf artistes urbains, dont Shepard Fairey, Lek & Sowat, Swoon ou Madame. Le titre à la première personne, la commande visant à illustrer tel ou tel article de la Déclaration, le soin porté à la signalétique ou encore le respect d’une stricte parité : nombre d’indices laissent entendre que « J’ai le droit d’avoir des droits ! » est l’une de ces expositions prétextes où le street art est essentiellement convoqué pour ses vertus pédagogiques et l’intérêt qu’il est censé susciter auprès du grand public. De fait, l’association entre pratiques contextuelles « sauvages » et droits de l’homme est peu évidente a priori, même si elle donne lieu à des efforts louables, dont celui d’installer les œuvres au gré de performances. Certains des artistes invités parviennent pourtant à en souligner la pertinence. De l’article 1er, Lek & Sowat font ainsi une saillie contre la dilution de la citoyenneté dans l’individualisme, et montrent une fois de plus la capacité de l’art urbain à tordre le cou aux règles. Le choix de Swoon s’avère lui aussi cohérent : son illustration de l’article 23 sur le droit du travail vient couronner son engagement de longue date auprès des ouvriers de Braddock (Pennsylvanie), bastion sidérurgique en pleine désindustrialisation. On peut aussi saluer Dugudus, qui a infusé au graphisme de l’exposition tout l’héritage de l’Atelier populaire des beaux-arts et l’affiche politique. En somme, malgré son caractère un peu « plaqué », « J’ai le droit d’avoir des droits ! » s’avère plus judicieuse qu’il n’y paraît à première vue.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°722 du 1 avril 2019, avec le titre suivant : Droit de cité
