Dotremont, le fond et la forme

Son intitulé, « Écrire, c’est dessiner », aurait pu servir de titre à la monographie qui met ici en lumière le « peintre de l’écriture » (dont plusieurs œuvres figuraient d’ailleurs à Metz). C’est à une immersion dans la vie et l’imaginaire du cofondateur du mouvement CoBrA qu’est invité le visiteur, une plongée dans le langage et les signes, à la découverte de cette « unité verbale-graphique » qui, à la différence de la calligraphie, n’est pas en quête de beauté, mais d’une poésie « où l’écriture a son mot à dire ». Cette intuition conduira Dotremont à l’invention des logogrammes, dont on peut observer la lente maturation, de l’espace de la page à celui du tableau, des cursives tracées à la plume ou au pastel aux amples arabesques à l’encre de Chine, créations précédées ou accompagnées de nombreuses « peintures-mots » réalisées avec ses amis artistes, Asger Jorn, Karel Appel, Pierre Alechinsky… La dimension muséale apporte bien sûr la rencontre avec les originaux, mais aussi avec les archives et notamment les vidéos, particulièrement celle où l’on entend la voix du poète. C’est, avec la série consacrée à « sa blonde bête noire », l’un des moments très émouvants de ce parcours riche de plus de 120 œuvres sur papier, photographies, films et documents. Un rendez-vous à ne pas manquer.