Angers (49)

Désirs dévoilés de collectionneurs

Musée des beaux-arts - Jusqu’au 18 mars 2018

Par Dominique Vergnon · L'ŒIL

Le 22 février 2018 - 313 mots

ANGERS

Vitrine offerte à cinq collectionneurs du territoire angevin et de la région nantaise, désireux de présenter les œuvres qu’ils ont acquises souvent depuis des décennies, cette exposition n’entend ni résumer ni magnifier l’art contemporain.

Inévitablement subjective, en rien exhaustive et sans posture historique, elle résulte des dialogues entre les commissaires et les prêteurs qui assument leurs choix autour de quelques thèmes comme l’abstraction lyrique, la figuration narrative, l’art conceptuel ou l’expressionnisme. D’abord conçue comme un vaste espace de confrontation des regards, elle propose au public un parcours libre, ouvert aux avis qui vont du « scandaleux, on se moque de nous » au « superbe, de belles découvertes » écrits, entendus, répétés à parts égales. Ce grand écart des jugements se mesure à l’aune des artistes présents. Entre ceux qui retiennent l’attention (Hartung, Debré, Delvoye) et ceux qui la détournent (Gilles Barbier, Morgane Tschiember), les distances semblent irréductibles.

Réunissant tant d’extrêmes, cette présentation apparaît comme un kaléidoscope d’œuvres parfois datées aux formes, couleurs, matières et tailles si diverses que trois salles cherchent en vain leur unité visuelle. Les deux autres périmètres, à l’inverse, consacrés au groupe Art & Language et aux créateurs de la scène artistique du Sud-Est asiatique, proposent des pièces d’une portée esthétique et culturelle cohérente, marquant le point haut de cette visite en accent circonflexe. Derrière les œuvres exposées, ce sont les attitudes des collectionneurs face à la possession qui se découpent en creux et révèlent leur approche de ce sentiment ambivalent. Tous avouent que leur œil a évolué.

Où s’arrête le plaisir, où commence l’addiction ? Inachevé prend ici le sens d’inassouvi. De l’acheteur compulsif qui accumule les objets, « les garde mais ne les regarde plus », au couple qui sélectionne et soutient un ou deux artistes engagés, ces différents univers dévoilés interpellent la curiosité du visiteur.

INFORMATIONS

« Collectionner, le désir inachevé »,
Musée des beaux-arts, 14, rue du Musée, Angers (49), www.musees.angers.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°710 du 1 mars 2018, avec le titre suivant : Désirs dévoilés de collectionneurs

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