André Derain

Par Colin Lemoine · L'ŒIL

Le 1 août 2007 - 267 mots

Comprendre la modernité. Rares sont les artistes dont les œuvres permettent à elles seules de réussir ce pari. André Derain (1880-1954) fait partie de ceux-là. L’exposition de Copenhague peut ainsi se prévaloir, forte de quatre-vingt-dix numéros, de réévaluer la création d’un acteur majeur de la scène internationale qui semblerait avoir passé sa vie à jouer les seconds rôles…
Giacometti le tenait pour l’un des plus grands artistes. Or, lorsque le nom de Derain est convoqué, il vient se noyer dans des listes. Apôtre du fauvisme dont il est un fervent promoteur, il devient (trop) rapidement un adepte du cubisme qu’il digère en regardant Cézanne. Assimilant les leçons, il les excède toutes. Trop aisément. Préfigurant l’Italia Nova du xxe siècle, présageant de manière précoce la fécondité sculpturale du primitivisme, il se retire de la « frivolité » des avant-gardes avant les autres. Sans coquetterie.
Pour avoir trop couru de 100 m, il s’essaie à la course de fond. Au marathon. Et regarde derrière lui. Tout seul. Natures mortes à la flamande, fables antiques, paysages primitifs : Derain écume les siècles et les longitudes. Dont une qui lui vaudra la foudre : en 1941, il est de ceux qui, sur le quai de la gare de l’Est, partent en Allemagne à l’invitation du régime nazi. Derain s’ennuie mais il est là. Photographié. Puis conspué.
« An Outsider in French Art » est une invitation à participer à une session de rattrapage.

« André Derain. An Outsider in French Art », Statens Museum for Kunst, Solvgade 48-50, Copenhague 1307 (Danemark), tél. 00 45 33 74 84 94, jusqu’au 13 mai 2007.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°590 du 1 avril 2007, avec le titre suivant : André Derain

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