Robinson, ou la force des choses - Daniel Dezeuze, Claude Viallat, Patrick Saytour

À la manière du Robinson Crusoé de « Vendredi ou les limbes du Pacifique » (1967), Daniel Dezeuze, Patrick Saytour et Claude Viallat, trois anciens protagonistes du groupe Supports/Surfaces, ont pioché leur matière créatrice dans des matériaux de rebuts, assemblés ensuite avec des outils rudimentaires.

Mais si le but de Robinson était de survivre à un monde hostile, les plasticiens avaient comme visée la déconstruction de la peinture. Le MAMAC de Nice, ville clé dans le développement de leur activité, leur organise une exposition du 28 janvier au 27 mai 2012.

« Robinson ou la force des choses » s’intéresse aux œuvres contemporaines des artistes, réparties dans trois salles monographiques, reliées par des passerelles. Après avoir détourné les éléments de base de la peinture traditionnelle dans les années 1970 (la toile, le châssis, le sujet), Daniel Dezeuze, Patrick Saytour et Claude Viallat interrogent aujourd’hui la frontière ténue entre bon et mauvais goût, artisanat et beaux-arts, civilisations occidentale et « primitives ».

Les artistes s’approprient le vocabulaire de la chasse, de la pêche et du braconnage pour réaliser des œuvres hétéroclites. Les Objets de cueillettes de Daniel Dezeuze, à mi-chemin entre filets à papillons et paniers à provision, les Trophées de Patrick Saytour, assemblages d’objets kitsch collectés sur les marchés et suspendus à un clou ou les objets archaïques de Claude Viallat, mélange de bois flotté, de pierres et de cordes témoignent, chacun à leur façon, d’une volonté de retour aux sources. Cette démarche rappelle, encore une fois, celle de Robinson dans le livre de Michel Tournier, lorsqu’il rencontre Vendredi, un indien considéré comme un « sauvage » par la culture occidentale mais qui va lui permettre de renouveler son regard sur le monde.

Le commissariat est assuré par Gilbert Perlein, directeur du Musée d’art moderne et d’art contemporain de la ville de Nice.