27 juin. - 20 déc. 2009

Nice

MAMAC

Robert Longo

Il s’agit d’une œuvre sombre, parsemée de fusains profonds comme la nuit noire, de collisions d’images qui témoignent de la violence de l’Amérique et d’un « romantisme fatal », dixit Werner Spies dans le catalogue, qui fait de Longo un peintre d’histoire(s) dont les flingues en gros plan, roses rouge sang, dents de la mer, vagues monstrueuses et champignons nucléaires sont comme autant de projections de ses visions d’horreur. Ce n’est pas par hasard si, au détour d’un mur d’images (série Magellan, 1996), on découvre le Batman ambigu de Gotham City. A n’en pas douter, c’est le cinéma, et son langage (montage, cadres variés, fragmentations des corps), qui sert de matrice à cette œuvre polymorphe. Sur un étage, comme si l’on déroulait un ruban filmique dont chaque image figée serait un de ses photogrammes, on suit avec plaisir (virtuosité de la technique hyperréaliste) et quelque effroi (puissance de l’impact de l’image) cette déferlante de clichés charbonneux et de formes agressives ; des pics, jaillissant de ses « tableaux-pièges » (Combines, 1982/88), semblent plonger vers l’œil du visiteur.

Cette rétrospective, qui dresse un panorama complet de l’artiste en alternant œuvres historiques et inédites, tel son concert de rock fantomatique (The Sound of Speed & Light, 2009), est remarquable. L’accompagnement pédagogique (bon accueil, fiche gratuite, cartels précis) est de qualité et l’agencement des salles, offrant un parcours chronologique avec différentes séquences déclinant des séries de dessins noirs qui s’engendrent les uns les autres, sert parfaitement la narration cinématographique de l’œuvre. A loisir, on se fait des films et ça tombe bien car précisons que Longo a réalisé en 1995 un film hollywoodien (Johnny Mnemonic), avec Keanu Reeves, et qu’on retrouve, sur les cimaises, sa série culte des années 80 - Men in the Cities tombant sous le feu des balles - entraperçue dans le film American Psycho (2000), adapté du roman glaçant de Bret Easton Ellis. Enfin, précisons que cette rétrospective, qui est la 1ère exposition muséale en France de Robert Longo, est à ne pas manquer car, depuis 1991 (Kunstverein et Deichtorhallen à Hambourg), aucun musée n’avait consacré de rétrospective à cet artiste de gros calibre.

Légende photo : Sans titre (Gretchen), 1981/1991 - Fusain et graphite sur papier - 243.8 x 152.4 cm - Collection M. et Mme Ettore Magnanini, Modena, Italie © D.R
Informations pratiques
MAMAC

Promenade des Arts
Nice 06300
Provence-Alpes-Côte-d'Azur
France

Contact
+33 (0)4 97 13 42 00
SITE WEB
http://www.mamac-nice.org

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