11 avr. - 07 juil. 2008

Paris

Musée du Louvre

Jan Fabre au Louvre - L'Ange de la métamorphose

Est-ce que la greffe prend ? Oui, ça marche parce que l’art dramaturgique, voire mystique, de Fabre, fait de sang, de sperme, de jambon, d’or, de scarabées, de figures grotesques et autres allégories animalières, noue naturellement le dialogue avec de grandes thématiques ancestrales: la finitude, la mort, les vanités, l’argent, le fou, le jeu, l’agneau mystique, la bataille, l’armure, l’atelier. Notre déambulation dans le Louvre revisité par Fabre s’apparente bientôt à la découverte d’un cabinet de curiosités. J’aime cela, ça se rapproche alors du Jeu des 7 erreurs: découvrir à l’angle d’une salle ou au détour d’une cimaise, à côté du Retable de saint Denis (1416) par Bellechose ou d’une Etude d’une grive litorne par Boel (1622-1674), un moine en os fantomatique (Bruges 3003, 2002), estampillé Fabre, ses hiboux décapités (Les Messagers de la mort, 2006), ses crayonnés d’insectes (1978) ou encore ses fameux dessins compulsifs au stylo Bic (1987) nous dévoilant des chimères. C’est lorsque Fabre se fait humble, intime, miniaturiste qu’il est selon moi à son meilleur parce qu’il est alors au plus près des maîtres flamands : goût pour le détail hyperréaliste qui ouvre des perspectives à l’infini.

Par contre, j’aime moins certaines de ses installations spectaculaires confinant au blockbuster plutôt facile. Par exemple, son énorme Bousier (2001) dans la salle 15, dans des tonalités bleu vert, écrase les œuvres religieuses alentour, dommage, et, dans la galerie Médicis, son installation surréaliste faite de stèles noires et d’un lombric géant (Autoportrait en plus grand ver du monde, 2008) ne manque certes pas d’humour, goût farcesque pour le macabre, mais ne crée pas tellement de correspondances avec l’esthétique baroque et sensualiste de Rubens. Quand le scénographe prend le pas sur le plasticien, c’est là que le bât blesse car la maestria du metteur en espace qu’est Fabre vient quelque peu phagocyter des œuvres de peintres (Van Eyck, Memling, Vermeer, Bruegel, Bosch…) qui ne peuvent rivaliser sur ce terrain-là, celui de la surenchère événementielle.

Pour autant, soyons beaux joueurs, Fabre, artiste provocateur, fait son show au Louvre et il faut bien avouer que son bestiaire fantastique et ses obsessions mi-artistiques mi-scientifiques ne cessent de nous hanter longtemps après avoir vu cette expo polymorphe qui, à quelques nuances près, fait souvent mouche. Bref, allez-y, ça vaut largement le détour et la pédagogie des cartels est claire.

 

Informations pratiques
MUSÉE DU LOUVRE

Palais du Louvre - Place du Carrousel
Paris 75001
Ile-de-France
France

Contact
+33 (0)1 40 20 53 17
SITE WEB
http://www.louvre.fr

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