10 avr. - 24 mai. 2008

Paris

Galerie Claude Bernard

Denis Laget

On le sait bien, la vanité est au goût du jour, elle est investie par une pléthore d’artistes contemporains (de Warhol à Hirst via Richter, Cognée, Orozco et autres Barrot) et c’est peut-être là la limite d’une telle production qui s’affiche sur les murs blancs de cette galerie prestigieuse, on connaît par cœur la « chanson » de l’Ecclésiaste : « vanité des vanités, tout est vanité. ». On ne peut s’empêcher d’y sentir un parfum de déjà-vu.

Nonobstant, ces petites toiles hautes en couleurs nous montrant des crânes déstructurés souvent accompagnés de fleurs et de vases renversés, font indéniablement leur effet. La facture est épaisse, on pense à Eugène Leroy, et la couleur très vive (rouge sang, rose bonbon, jaune japonais foncé, vert Véronèse, etc.) vient saturer généreusement l’espace du tableau, allant même parfois, de par sa croûte épaisse, déborder sur les bords de la toile. Par moments, une fleur semble même naître de la boue picturale, on pense alors au Baudelaire des Fleurs du mal, « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or. »

Allons à ses Paysages urbains, je les préfère aux Vanités car ils sont plus inattendus. Cette fois-ci, on passe du terreux au nuageux - la facture est plus lisse, c’est du fusain mêlé à l’huile. S’agit-il de trains fantômes filant dans la nuit ou bien de bateaux ivres descendant des fleuves impassibles ? Non, ce sont davantage, semble-t-il, des architectures fantomatiques baignant dans la liquidité de la peinture, des espèces de vestiges, de mirages, de ruines crépusculaires à l’heure des souvenirs. On aperçoit plus qu’on ne voit. Les formes, apparaissant parmi des strates successives d’ocre ou de bleu-vert mâtinées d’un rose très délicat, se métamorphosent à loisir par le biais d’une mémoire sélective et oublieuse. J’aime ces territoires flottants, à perte d’horizon, de par leur poésie et leur mélancolie. Ils sont tour à tour inquiétants ou, au contraire, bien zen. Les toiles de cette expo sont vendues dans les 4000 €. Toutefois, signalons que la plupart, déjà exposées avec succès à Art Paris (3-7 avril) sur le stand de cette galerie, sont déjà vendues.

Chez Claude Bernard, l’accueil est très bon, n’hésitez pas à demander des précisions sur ce peintre, fin coloriste, on vous répondra sans verbiage inutile. Enfin, le catalogue de l’expo (30 €), imprimé sur un beau papier à grain, est magnifique. Bref, c’est bel et bien une exposition qui vaut le détour, allez-y !

Informations pratiques
GALERIE CLAUDE BERNARD

7-9, rue des Beaux-Arts
Paris 75006
Ile-de-France
France

Contact
+33 (0)1 43 26 97 07
SITE WEB
http://www.claude-bernard.com/

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