13 juin. - 23 nov. 2008

Suisse / Martigny

Fondation Pierre Gianadda

Balthus - 100e anniversaire

Ce n’est pas tant la petite ville de Martigny dont le charme vient surtout de ce qu’elle est environnée de montagnes, ou l’architecture en forme de mausolée de la Fondation, qui vaillent le détour, que l’atmosphère simple et reposante des lieux. En été une foule de touristes arpente le parc de sculpture, jette un coup d’œil rapide sur les maquettes de Léonard de Vinci ou les vestiges gallo-romains, s’attarde un peu plus longtemps sur la collection de vieilles voitures et admire l’exposition du moment.

Jusqu’au 23 novembre, ce sont les nymphettes alanguies de Balthus qui occupent les cimaises de la Fondation. Il n’est pas nécessaire d’être un docte lacanien pour deviner les ressorts psychologiques de celui dont on fête le centième anniversaire de la naissance. Sur la cinquantaine de toiles accrochées dans la nef centrale, plus de la moitié mettent en scène des adolescentes plus ou moins dénudées. Mais on laissera au lecteur, le soin de bâtir lui-même son opinion sur l’inconscient de Balthus.

L’accrochage chronologique s’ouvre sur un paysage de 1923, passe très rapidement sur les copies de Piero della Francesca pour entrer dans la production classique du Comte de Rolla avec la Toilette de Cathy que Balthus peint en 1933 en cherchant délibérément à faire scandale pour attirer l’attention sur lui. A part Alice dans le miroir (1933), La leçon de guitare (1934)et La partie de cartes (1948-1950), toutes les toiles importantes de Balthus sont dans l’expo. Et elles se suffisent pour apprécier le travail d’un peintre qui au fond ne s’est pas beaucoup renouvelé.

En revanche, l’exposition présente deux raretés : un exemplaire (dédicacé à Léonard Gianadda par le maître lui-même, s’il vous plait !) du petit livre illustré de 40 dessins sur le chat Mitsou réalisé par « Baltusz » quand celui-ci n’avait que 13 ans, et plus encore les illustrations à l’encre de Chine pour Les Hauts de Hurle-Vent, un roman essentiel dans la construction de Balthus. L’un et l’autre annoncent les thèmes et le dessin qui traversent toute son œuvre future. L’ambiance des lieux est à des années lumière de l’atmosphère compassée ou à tout le moins respectueuse des musées ou centres d’art. Les toiles, disposées sur le pourtour de la grande nef centrale, ne sont pas très bien éclairées, surtout lorsqu’elles sont protégées par une vitre. Le bruit des caisses enregistreuses et le brouhaha des visiteurs raisonnent dans la salle qui fait aussi office d’auditorium. Mais au fond, cette ambiance décontractée ne nuit pas à la peinture plutôt facile de Balthus. Mieux, elle amortit ce qu’elle a de troublant.

Aucune rétrospective Balthus n’est annoncée en France pour commémorer l’événement, une raison de plus pour se rendre à Martigny.

Informations pratiques
FONDATION PIERRE GIANADDA

59, rue du Forum
Martigny CH-1920
Suisse

Horaires
Tous les jours de 9h à 19h
Contact
+41 (027) 722 39 78
SITE WEB
http://www.gianadda.ch

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