Etienne-Jules Marey, mouvements de fumée

L'ŒIL

Le 1 novembre 2004 - 421 mots

« Produire dans un espace clos à parois transparentes un courant d’air régulier ; faire arriver dans ce courant des filets de fumée parallèles et équidistants ; placer à la rencontre de ces filets des surfaces de formes diverses, sur lesquels ils s’infléchissent diversement ; éclairer vivement ces fumées et en photographier instantanément l’apparence, tel était le programme à remplir. » Ainsi Étienne-Jules Marey décrit sa dernière expérience, en 1900, sur les mouvements de fumée. Ces travaux réalisés entre 1899 et 1902 ont été peu montrés au public et l’exposition organisée conjointement par le musée d’Orsay et la Cinémathèque française, sous la houlette de Dominique de Font-Réaulx et Laurent Mannoni, en explique le développement en présentant cinq machines à fumée spécialement fabriquées pour l’occasion et l’ensemble des plaques originales associées à des tirages modernes.
Étienne-Jules Marey (1830-1904), physiologiste, consacre toute sa carrière à l’étude du mouvement. Celui des animaux (La Machine animale, 1873), mais aussi la circulation du sang, des fluides, de l’air et du vent, la chute des objets ou des corps dans l’espace. Pour analyser ces phénomènes, Marey met au point deux procédés : la méthode graphique – enregistrement sur cylindre et sur papier fumé des pulsations, sursauts, vibrations… provoqués par le mouvement – et la chronophotographie – dix images par seconde sur une même plaque –, inventée en 1882, à la base de l’invention du cinéma. Au même titre que celles de Muybridge (1830-1904), les études scientifiques de Marey passionnent les artistes (l’exposition consacrée à Thomas Eakins, au musée d’Orsay en 2000, étudiait ce rapport entre photographie scientifique et peinture) et jouent un rôle décisif dans le développement de l’art moderne, du futurisme à l’art cinétique. Ses recherches ont donné naissance à un corpus d’images aujourd’hui considérées comme des œuvres à part entière, en particulier celles présentées ici, saisissantes par leur beauté plastique.

L'exposition

- « New York et l’art moderne, Alfred Stieglitz et son cercle, 1905-1930 » - « Alfred Stieglitz (1864-1946), autour du don de la fondation Georgia O’Keeffe » - « Mouvements de l’air, Étienne-Jules Marey (1830-1904), photographe des fluides » se déroulent du 19 octobre au 16 janvier 2005, tous les jours sauf le lundi de 10 h à 18 h, le jeudi jusqu’à 21 h 45, le dimanche à partir de 9 h. Tarifs : 7 et 5 euros. PARIS, musée d’Orsay, 1 rue de la Légion d’honneur, VIIe, tél. 01 40 49 48 19, www.musee-orsay.fr La première exposition sera présentée à Madrid, au Museo Nacional Centro de Arte Reine Sofia (10 février-16 mai 2005).

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°563 du 1 novembre 2004, avec le titre suivant : Etienne-Jules Marey, mouvements de fumée

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