Disparition de l'historienne de l'art américaine Linda Nochlin

Par Magali Lesauvage · lejournaldesarts.fr

Le 16 janvier 2018 - 368 mots

NEW YORK (ÉTATS-UNIS) [31.10.17] - Pionnière d'une histoire de l'art féministe, Linda Nochlin, spécialiste de Courbet et de l'art du XIXe siècle, est décédée le 29 octobre à l'âge de quatre-vingt six ans.

Célèbre notamment pour un essai notoire publié en 1971, « Pourquoi n'y a-t-il pas eu de grandes femmes artistes ? », dans lequel elle dénonçait l'impossibilité pour les femmes d'accéder à la pratique artistique et à la reconnaissance, Linda Nochlin, née Weinberg en 1931 à Brooklyn, a tracé la voie d'une histoire de l'art dégagée d'un point de vue exclusivement « blanc, occidental et masculin. » 

L'exposition Women Painters: 1550-1950, dont elle fut commissaire en 1976 au Los Angeles County Museum, fut l'une des premières consacrées uniquement à l'art des femmes. Trente ans plus tard, en 2007, elle organisa avec Maura Reilly l'exposition Global Feminisms au Brooklyn Museum, qui replaçait de nombreuses femmes artistes sur l'échiquier de l'histoire de l'art.

Parallèlement, notamment à l'Institute of Fine Arts de l'université de New York où elle enseigna par la suite, elle s'intéressa à l'impressionnisme, au post-impressionnisme, au réalisme et en particulier à Courbet, lui consacrant sa thèse en 1963 et une exposition, Courbet Reconsidered, en 1988 au Brooklyn Museum, où fut pour la première fois présentée au public L'Origine du monde – alors dans la collection de Lacan.

Parmi ses nombreux essais, on retiendra Women, Art, and Power (1988), The Politics of vision (1991) - tous deux traduits et publiés en France par Jacqueline Chambon -, ou plus récemment The Body in Pieces: The Fragment as a Metaphor of Modernity (2001) et Bathers, Bodies, Beauty : The Visceral Eye (2006). Linda Nochlin y a notamment interrogé les stratégies de pouvoir mises en œuvre dans les représentations (par exemple dans l'orientalisme) et les systèmes de validation de l'art (elle s'intéressa notamment au culte des « grands artistes »).

Elle intervenait également dans de nombreux colloques et conférences, où elle mettait en pratique sa conception de l'histoire de l'art, telle que la cite Artnews : « J'envisage mon travail comme une dialectique, une expérience collaborative. L'histoire de l'art féministe - comme le féminisme - est le produit de la parole et de l'écoute. » 

Un entretien avec Linda Nochlin

Légende photo

Linda Nochlin en compagnie de Tamar Garb - 12 septembre 2012 © photo Benjamin Jarosch | courtesy The Walther Collection Project Space

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