Décès du peintre français Jean Rustin à l'âge de 85 ans

Par Amélie Du Fretay · lejournaldesarts.fr

Le 27 décembre 2013 - 464 mots

PARIS [27.12.13] – L'artiste, qui ne craignait pas de représenter le corps humain dans sa crudité et sans artifice, est mort la veille de Noël. Il laisse derrière lui une œuvre qui a souvent suscité l'incompréhension, à rebours des conventions établies et des sujets faciles.

Le peintre français Jean Rustin est mort le mercredi 24 décembre 2013 à Paris dans sa 85e année. En choisissant des sujets dérangeants et en les traitant de manière crue, sans ménager le regard des spectateurs, il n'a jamais craint d'être relégué à la marge, goûtant le plaisir d'une vie isolée et discrète, habitée par la musique et la peinture.

Né en 1928 à Montigny-lès-Metz, il passe les dix premières années de sa vie dans le Berry puis à Poitiers, où il découvre la musique et la peinture. Il s'inscrit en 1948 aux Beaux-Arts à Paris et y reste jusqu'en 1952. Peu sensible à l'académisme de ses professeurs, il semble alors plutôt attiré par l'expressivité de l'Action Painting. De prime abord il construit sa notoriété en tant que peintre abstrait, dans la mouvance de l'Ecole de Paris. En 1971, l'ARC (Animation/Recherche/Confrontation), département expérimental du Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, lui consacre une rétrospective.

C'est à ce moment qu'il entame un virage décisif dans sa carrière, pour se tourner définitivement vers la figuration, laissant de côté sa production antérieure qu'il juge trop « facile ». Il prend alors le risque de déplaire à ses collectionneurs.

En rupture avec sa démarche initiale, il se plonge à corps perdu dans la mise à nu de l'Homme, dans sa dimension la plus authentique et bestiale, sans détours ni faux-fuyants. Aucun sujet n'est tabou, ce qui lui vaut des critiques virulentes et une incompréhension grandissante face au malaise ressenti devant certaines scènes. Le corps, loin d'être idéalisé, est représenté sans fioritures, face à ses psychoses et ses pulsions sexuelles. En 1982, une exposition fait scandale à la Maison de la Culture de Créteil. Le visiteur n'est pas prêt à affronter la tragédie humaine se jouant dans les hospices, maisons closes ou asiles, que Jean Rustin se plaît à mettre en scène. L'exposition est en partie censurée pour pornographie.

Par la suite, il maintient le cap d'une peinture figurative sans concession. Vers l'an 2000, Maurice Verbaet et Corinne van Hövell, deux admirateurs de son œuvre, ouvrent une Fondation Rustin à Anvers afin de présenter son œuvre au public. Une antenne parisienne est ouverte de 2007 à 2012.

En 2001, la Halle Saint Pierre à Paris lui avait rendu hommage, puis l'Hôtel de Ville de Paris lors d'une vaste exposition consacrée à la Commune en 2004. Jusqu'à la fin de sa vie, la radicalité de son approche n'aura cessé de déranger, le laissant dans une relative marginalité, ses œuvres ayant été peu exposées.

Légende photo

Portrait d'homme, 1988, 43 x 27 cm, Volée/disparue en 2008. © Site de la fondation Jean Rustin

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