Art contemporain - Frac

La directrice du Frac Sud explique son nouveau nom

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 3 septembre 2023 - 706 mots

Muriel Enjalran dirige le Frac Sud depuis 2021. Auparavant elle a été secrétaire générale de DCA, l’association française de développement des centres d’art (2006-2015), avant de diriger le Centre régional de la photographie Hauts-de-France (2015-2020).

Muriel Enjalran. © Laurent Lecat
Muriel Enjalran.
© Laurent Lecat
Pour ses 40 ans, le Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur change de nom et devient le Frac Sud. Pourquoi ?

La vocation d’un fonds régional d’art contemporain est d’aller toucher des publics qui ne sont pas les publics premiers de l’art contemporain et de la culture. L’abandon dans notre communication du nom Provence-Alpes-Côte d’Azur pour le terme Sud, attaché aussi à la marque régionale, a répondu au souhait de donner une meilleure lisibilité au nom, et de la visibilité à son bâtiment installé dans le quartier de La Joliette, à Marseille. La décision de garder l’acronyme Frac s’est posée pour cette institution portée par un partenariat de l’État et de la région. Certains Frac ont fait le choix de changer de nom déjà, comme le Frac Grand Large, par exemple. Nous avons choisi de conserver le nom de Frac. Mais, pour l’éclairer et améliorer la visibilité de notre bâtiment – qui a 10 ans cette année –, nous avons préféré la qualification de Frac Sud, avec le sous-titre : Cité de l’art contemporain. Cette dénomination permet pour la première fois de nommer ces espaces à Marseille, et de rendre immédiatement intelligibles la notion d’ouverture au plus grand nombre et ce qu’on va y trouver.

L’appellation « Frac » n’en demeure pas moins absconse pour la plupart des gens, même si le modèle reste unique au niveau international…

Justement, cet acronyme de Frac est une marque, un label sans équivalent, qui, quand on le déplie, porte sa mission première : la constitution d’un fonds régional d’art contemporain, collection publique qui a vocation à être diffusée sur le territoire régional où chaque Frac est implanté, afin d’aller au-devant des publics par l’entremise de structures qui ne sont pas des lieux consacrés à l’art, comme les établissements scolaires, les hôpitaux ou les centres pénitenciers. Les Frac ont ainsi développé une ingénierie qui leur ont permis d’être des pourvoyeurs de projets d’art contemporain auprès de structures sociétales variées, y compris dans le secteur privé, mais aussi de mener conjointement une politique de soutien aux artistes au travers d’acquisitions, de résidences et de productions d’œuvres.

Pour célébrer leurs 40 ans, les Frac mènent un état des lieux qui aboutira à un Pacte national des Frac, en cours de rédaction. Pour quelles raisons ?

Cet état des lieux, porté par notre réseau Platform en partenariat avec le ministère de la Culture, a pour ambition de poser les enjeux des Frac pour les dix années à venir. L’un des principaux concerne nos collections qui ont 40 ans : se pose la question du devenir des œuvres en termes de conservation, restauration et documentation. L’autre enjeu est de mener notre transition écologique, dans notre manière de travailler et de produire. Au niveau du Frac Sud, cela passe notamment depuis mon arrivée par un allongement du temps moyen de nos expositions. Nous réfléchissons aussi à faire vivre les expositions différemment pour mieux accompagner les artistes et les publics, nous avons en effet une responsabilité sociétale envers la filière artistique. Nous sommes en général des têtes de pont pour nos scènes régionales. Nous devons enfin faire encore plus pour sensibiliser à l’art contemporain, même si, depuis quarante ans, nous avons permis à des générations de scolaires de bénéficier de nos outils pédagogiques, d’œuvres dans leurs murs et de rencontres avec des artistes. L’une des stratégies que le Frac Sud - Cité de l’art contemporain a mise en place, en dehors des dispositifs que l’on porte déjà, est d’aller vers des publics qui ont déjà des pratiques collectives régulières, comme celle du sport amateur.

Martha Wilson, Au Frac sud jusqu’au 4.02.2024 

Première monographie d’envergure en France de l’artiste américaine, pionnière dans l’utilisation de son corps pour questionner les représentations du féminin. +Invisible- Works on Aging (1972-2022), jusqu’au 4 février 2024.


22. C’est le nombre de FRAC créés à partir de 1982 à l’initiative de Jack Lang, alors ministre de la Culture dans le cade de la politique de décentralisation de la culture.

 

« Mon ambition était de faire pénétrer l’art d’aujourd’hui partout en France. L’art contemporain était réservé à quelques privilégiés parisiens. » Jack Lang, 1995

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°766 du 1 juillet 2023, avec le titre suivant : Muriel Enjalran : « Nos collections ont quarante ans, se pose désormais la question du devenir des œuvres et de leur conservation »

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