Disparition

Disparition de l’artiste coréen Kim Tschang-Yeul

Par Henri-François Debailleux · lejournaldesarts.fr

Le 6 janvier 2021 - 449 mots

Le peintre, connu pour son motif de goutte d’eau, vivait en France depuis 1970.

Kim Tschang-Yeul. © Kotiki7, novembre 2020 - CC BY-SA 4.0
Kim Tschang-Yeul.
Photo Kotiki7, novembre 2020

Kim Tschang-Yeul, l’un des plus importants artistes coréens de sa génération, (avec Lee Ufan, Nam June Paik, Park Seo-Bo…) est mort de vieillesse ce mardi 5 janvier 2021 à Séoul où il était revenu vivre depuis cinq ans. Il avait 91 ans. 

Il était né le 24 décembre 1929 à Maing-San, un village de Corée du Nord, alors sous occupation japonaise. Il quitte le pays en 1946 pour fuir le communisme et rejoint la Corée du sud où, trois ans plus tard il commence à étudier l’histoire de l’art et la peinture à l’huile à l’Université Nationale de Séoul. Il apprend également l’anglais et le français. Après avoir enchaîné différents emplois et s’être rendu plusieurs fois à New York entre 1965 et 1969, (grâce au soutien de la Fondation Rockefeller), il vient s’installer en 1970 à Palaiseau, près de Paris, où il va rencontrer sa future femme. Deux ans plus tard ils déménageront dans le 6e arrondissement où il résidait encore une partie de son temps il y a encore quelques années. 

C’est là qu’en 1973, il va peindre sa première goutte d’eau, le principal et récurrent motif de toute son oeuvre qui lui vaudra d’ailleurs son surnom de Kim Goutte d’Eau. La goutte d’eau peinte de façon hyperréaliste, en trompe l’œil, qu’il va faire tomber de façon quasi obsessionnelle sur des fonds monochromes, qu’il va décliner en subtiles variations et faire ruisseler seule ou multipliée au centre ou en périphérie de ses tableaux, à la fois symbole de transparence et d’apesanteur mais aussi de vie, d’éternité, de pureté. 

Mais la goutte d’eau n’est pas l’unique sujet de ses œuvres puisqu’il la conjugue souvent avec, en arrière-plan, des caractère chinois dans des séries intitulées « Recurrence ». Il disait que son grand-père, calligraphe renommé, lui avait appris mille caractères classiques avant même d’entrer à l’école primaire. Des textes pour créer un arc entre figuration et écriture, sens et pensée, forme et concept, ici-bas et là-haut (Tseu).   

A Paris, il avait été représenté dès 1993 par la galerie Enrico Navarra puis, à partir de 2002 par Baudoin Lebon avant de rejoindre également Almine Rech en 2018 qui l’a exposé en one man show lors de la foire Asia Now en octobre dernier. A Séoul, il est depuis 1976 l’un des piliers de la galerie Hyundai. Et c’est au sud de la Corée du sud, sur l’île de Jeju, qu’il a lui-même inauguré en septembre 2016 le musée que le département de Jéju lui a consacré et pour lequel il a fait don de quelques 220 tableaux. Ce qui est loin d’être une goutte d’eau.
 

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