Tous les rêves sont permis en ce printemps 2019 au Frac d’Amiens, y compris celui de pouvoir regarder une étoile au microscope, comme en témoigne un dessin d’Anne-Marie Schneider (née en 1962 à Chauny, France) choisi pour l’affiche de l’exposition.
Le commissaire, Laurent Buisine, qui a longtemps participé au comité d’acquisitions du Frac, connaît bien la diversité de cette collection consacrée à l’histoire du dessin. Il nous convie à la découverte onirique et légère d’une quarantaine d’œuvres réunies autour d’un mythe rapporté par Pline l’Ancien, l’apparition du premier dessin : la fille du potier Butades traça sur un mur, avec un morceau de charbon de bois, le contour de l’ombre portée de la tête de son amant avant qu’il ne parte pour un long voyage. Un parcours où l’œil vagabonde de présences malicieuses en apparitions énigmatiquement familières propose de poser nos regards sur des « traces légères qui, par hasard et par bonheur, nous sont offertes au fil de notre déambulation, et permettent d’envisager quelques aspects de l’histoire du dessin que l’on voudra bien rapporter à une fable, à un souvenir, à un regard. » Les fleurs et feuilles écrasées entre deux feuilles de papier japonais de José Maria Sicilia (née en 1954 à Madrid, Espagne), la vidéo d’Edith Dekyndt (née en 1960 à Ypres, Belgique) où l’on voit de l’encre de Chine se répandre dans l’eau telle une présence peut-être inquiétante, ou les huit peintures sur papier d’Elly Strik (née en 1961 à La Haye, Pays-Bas) apparaissent telles de libres cristallisations de possibles divers et contrastés.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°724 du 1 juin 2019, avec le titre suivant : Dessins vagabonds
