Art contemporain

Art et communication

Big Art chez McDo

Par Isabelle Francke · Le Journal des Arts

Le 22 janvier 1999 - 571 mots

De prime abord, concocter une recette alliant le hamburger et l’art contemporain comme ingrédients semble une gageure qui flirte avec le « barbarisme »... Pourtant, la mayonnaise peut prendre. Pour preuve, l’exposition proposée par McDonald’s qui réunit treize artistes autour de l’imagerie du roi du fast food.

Acteurs et témoins des courants et des tendances de la vie moderne, les restaurants McDonald’s, implantés en France il y a vingt ans, sont aujourd’hui le reflet de notre société. Or, les artistes contemporains, quel que soit leur mode d’expression, puisent également leur inspiration dans la réalité quotidienne. Deux mondes, a priori éloignés, mais qui finalement se rejoignent en laissant pareillement, chacun dans leur domaine, leur empreinte dans le siècle. “Le croisement d’une marque très populaire et de l’art contemporain n’a donc rien d’antinomique”, explique Jean-Pierre Petit, directeur général de McDonald’s France. D’où l’initiative de l’enseigne de confier à des peintres, sculpteurs, photographes ou “mordus” d’informatique la réalisation de l’exposition “McDo vu par...” Libres à eux de porter leur regard sur l’imaginaire de McDo, de s’évader dans ce monde et de s’en inspirer. Ainsi, le totem de Hilton McConnico évoque la diversité de la clientèle, tout comme l’oiseau au plumage multicolore d’André François. Richard Di Rosa fait référence à Ronald McDonald et le compare à un “Spirou des temps modernes”. Floc’h, François Boisrond et Federica Matta (qui a également créé l’affiche de l’exposition) jouent le côté ludique et festif vu par des enfants, une famille ou, comme sur la photo de William Klein, par les artistes eux-mêmes. Fabrice Hybert se sert du “M” pour mettre en évidence les constituants sensuels de McDo, tandis que la table d’Andrée Putman se veut un “portrait vérité” sur l’ambiance. L’image de McDo, pour Louis Cane, est celle de trois ballerines sur une balançoire ; pour Jérôme Mesnager, elle passe par le rêve américain, et Hervé Télémaque y dresse un parallèle avec la vallée du Nil. Enfin, Miguel Chevalier a choisi de communiquer par le biais de l’ordinateur. Pour cette commande un peu spéciale, tous ont accepté de plonger dans l’univers McDo, de laisser libre cours à leur sensibilité propre et, quel que soit le support utilisé (peinture, sculpture...), d’en traduire leur perception à travers une œuvre spécifique : autant de visions d’avant-garde portées sur une marque qui restera un phénomène de société. McDonald’s, qui a toujours été proche des gens de la rue, veut se montrer dans un environnement autre que le sien, et que l’enseigne soit perçue de façon plus abstraite, plus imaginative, plus décalée par rapport au quotidien des restaurants.

Gare Saint-Lazare
La Salle des pas perdus de la gare Saint-Lazare a accueilli, du 4 au 17 janvier cette exposition qui a pu être vue par tous, gratuitement. Le choix de l’endroit n’était pas anodin. La gare Saint-Lazare a déjà été marquée par l’art, notamment par les impressionnistes et en particulier par Claude Monet. Elle vient d’y présenter des œuvres qui, loin d’être élitistes, restent à la portée du grand public. Jean-Pierre Petit résume : “La magie du lieu est une bonne synthèse entre le monde de McDo et celui de l’art contemporain”.

Mais l’aventure a une finalité. Les œuvres créées seront prochainement vendues aux enchères au profit de la Fondation Ronald McDonald et des Maisons de parents Ronald McDonald de Villejuif et de Marseille.

McDo, on adore ou on déteste, mais personne n’y est indifférent. Alors, avis aux amateurs, le McDo’s Art est né !

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°75 du 22 janvier 1999, avec le titre suivant : Big Art chez McDo

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