Concilier ambition culturelle et impératifs commerciaux

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 mars 1997 - 359 mots

La tournée mondiale des \"chefs-d’œuvre de la collection Barnes\" constitue l’un des événements lourds de conséquences de ces trois dernières années. Au-delà de son immense succès, elle pose le problème du respect des volontés d’un collectionneur et place les responsables de musées dans une position délicate vis-à-vis de leurs autorités de tutelle. Et cela dans un contexte de plus en plus difficile pour les finances publiques, donc pour les budgets des musées.

Le formidable succès de la présentation de la collection Barnes au Musée d’Orsay, en 1993-1994, a son revers. L’exposition, au titre plus aguichant que l’ensemble des tableaux, a généré un bénéfice de 15,9 millions de francs pour la Réunion des musées nationaux (RMN). La RMN a toujours alterné, dans son bilan, des manifestations attirant la plus large fréquentation avec expositions au succès moins évident. Là, l’excédent a dépassé les chiffres habituels et fait redouter aux responsables de musées un "syndrome Barnes" : devoir, sous l’influence de leurs autorités de tutelle, nationales ou municipales, accueillir davantage ce type d’opérations "clé en main", multiplier l’accrochage des "chefs-d’œuvre" de Pierre ou Paul au détriment des expositions faisant progresser l’histoire de l’art ou montrant la création contemporaine. Ces craintes ne sont pas infondées au moment où les budgets se resserrent. Le fameux 1 % du budget de l’État pour la Culture, promis pendant la campagne présidentielle, n’a pas été atteint, et 1995, comme 1996, a montré une baisse de la fréquentation des musées, donc des recettes. Par ailleurs, nos voisins ont su développer de nouvelles recettes pour moderniser les musées ou acquérir des œuvres d’art. En Grande-Bretagne, 650 millions de livres sterling ont été affectés aux arts et au patrimoine grâce à la Loterie. L’Italie vient de s’engager dans cette voie. Dans l’entretien qu’on lira pages 38-39, Philippe Douste-Blazy affirme qu’il fera "des propositions" pour trouver de nouvelles ressources. Mais celles-ci devront être acceptées par Bercy, gardien de l’orthodoxie budgétaire. Pour assurer la marche vers la monnaie unique, l’État doit réduire son déficit. Le patrimoine en a fait les frais : les crédits d’entretien ont été sévèrement amputés.?Il doit compter dorénavant davantage sur le mécénat à travers une Fondation du patrimoine.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°34 du 1 mars 1997, avec le titre suivant : Concilier ambition culturelle et impératifs commerciaux

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