bing bang !

L'ŒIL

Le 1 janvier 2005 - 520 mots

Siegfried Bing (1838-1905) est à l’honneur au Van Gogh Museum d’Amsterdam. Personnalité haute en couleur qui fit de l’art japonais son étendard, avant de canaliser toute son énergie dans la création de sa galerie L’Art nouveau.

De 1895 à 1904, la galerie parisienne L’Art nouveau devient le creuset de tout un pan de la création contemporaine. En ces murs du 22 rue de Provence, conçus par l’architecte Louis Bonnier, va passer tout ce qui compte en matière de créateurs et de littérateurs, au tournant du siècle. Certes, Bing ne fait pas vraiment cavalier seul : il ne représente qu’une des écuries lancées sur les pistes d’une certaine idée de la modernité. Mais il est vrai que la maison Bing est la seule à aligner autant de noms d’artistes appelés à marquer l’époque, en célébrant le culte d’un art total, régénérant les arts de vivre et du décor. La peinture y tient une place encore prépondérante et le mur majestueux de la première partie de l’exposition en témoigne avec, parmi les toiles de Carrière, Blanche et Sérusier, les grandes toiles de Frank Brangwyn et trois grands panneaux décoratifs de Paul-Albert Besnard, prodigieux d’énergie et de vigueur. Tout près, c’est une féerie de peignes, de broderies, de bronzes et de céramiques, déployée à point nommé pour évoquer le rôle crucial de Bing dans l’approfondissement de l’intérêt des amateurs français pour les objets venus du Japon. Une section est dévolue aux estampes japonaises achetées par Van Gogh chez Bing ; elle illustre la part de l’inspiration japonaise dans l’esthétique picturale du temps, grâce à de saisissants rapprochements – sans doute
un peu trop démonstratifs – entre estampes et toiles peintes.
Cependant, le corps principal de l’exposition concerne l’« objet Bing », ce par quoi le nom est passé à la postérité. Siegfried Bing, à défaut d’être créateur – il laissera ce soin à son fils Marcel, orfèvre et joaillier de talent – sait, avec une intuition très sûre, s’entourer des artistes les plus saillants du moment. Il est l’un des tout premiers à vivement s’intéresser aux créations de Louis Comfort Tiffany. Il met en relation le verrier américain avec la phalange nabie, donnant naissance à toute une série de vitraux d’après les cartons de Vuillard, Bonnard, Toulouse-Lautrec. Passionné par les créations du mouvement Arts and Crafts, Bing fait venir d’outre-Manche les œuvres de Benson, Heaton et Liberty. Il se passionne tout autant pour les créations de Max Laeuger, les céramiques de la manufacture de Rörstrand, les verres de Karl Koepping, les bronzes de Constantin Meunier et les marbres de Rodin. En 1900 Bing fait appel à trois décorateurs, Eugène Gaillard, Edward Colonna et Georges de Feure pour aménager les six pièces de son pavillon de l’Art nouveau à l’Exposition universelle de Paris.
Le style Bing renaît ici avec émotion dans ce rassemblement unique d’objets de ses collections.

L'exposition

« L’Art nouveau, la maison Bing », a lieu du 26 novembre au 27 février, tous les jours de 10 h à 18 h, vendredi de 10 h à 22 h. Tarifs : 9 et 2,5 euros. AMSTERDAM, Van Gogh Museum, Paulus Potterstraat 7, tél. 31 020 570 52 00, www.vangoghmuseum.nl

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°565 du 1 janvier 2005, avec le titre suivant : bing bang !

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