Londres (Grande-Bretagne)

Au plus près de Soutine

The Courtauld Gallery - Jusqu’au 21 janvier 2018

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 22 novembre 2017 - 328 mots

Une centaine d’œuvres et une expérience inédite en réalité virtuelle : l’exposition Modigliani qui vient d’ouvrir à la Tate Modern possède tous les ingrédients qui font les grandes expositions aujourd’hui.

De l’autre côté de la Tamise, la promesse est différente, sinon opposée : la Courtauld Gallery expose ainsi vingt et un tableaux de Soutine (l’ami de Modigliani) sans autre promesse que la relation avec les œuvres. Vingt et une œuvres donc réunies en seulement deux salles, cela semble un peu court… sauf quand beaucoup proviennent de collections privées et qu’elles composent un ensemble de toiles qui n’en compte que vingt-six – dont une, vissée à la Fondation Barnes, ne bouge de toute façon jamais. Il s’agit en effet des portraits des métiers peints par Soutine dans les années 1920 et 1930, dont les pâtissiers, les valets de chambre et les grooms. Le Courtauld donne donc l’occasion rare de voir ce corpus quasi complet, de prendre le temps de regarder les toiles, de sautiller d’une œuvre à une autre et de comparer. La recette est à peu près toujours identique : des portraits de jeunes hommes (l’exposition ne compte que trois femmes), le plus souvent cadrés en buste, les bras ballants ou les mains sur les hanches sur un fond monochrome. Ce qui intéresse Soutine n’est pas le portrait proprement dit, mais la peinture : les couleurs (notamment le bleu et le rouge), leur mélange sur la toile, la touche (empâtée ou non), etc. Chaque toile est le lieu d’une expérience. Proches, deux portraits intitulés Chasseur (1928) sont pourtant incomparables : l’un est peint grossièrement quand l’autre possède un raffinement incroyable. Il y a du jaune, du rouge, du vert et du bleu dans la chair du visage, et l’arrière-plan possède la même richesse que les ciels de Van Gogh. On comprend dès lors pourquoi les Anglais furent plus réceptifs à l’œuvre de Soutine. Bacon, Freud, Auerbach : une histoire de la peinture anglaise est contenue dans ces tableaux.

« Les Portraits de Soutine »,
The Courtauld Gallery, Somerset House, Londres (Grande-Bretagne), courtauld.ac.uk/gallery

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°707 du 1 décembre 2017, avec le titre suivant : Au plus près de Soutine

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