Art souterrain à Saint-Gervais

Au pied du mont Blanc, cette petite commune de 5 800 habitants disposait déjà de quelques atouts pour séduire les touristes, qui constituent sa principale source de revenus. Mais, pour rester toujours plus attractive, elle se devait, selon son maire Jean-Marc Peillex, d’offrir d’autres activités, culturelles. Or Hugues Chevallier, alias Irsut, président de l’association Kill Art Factory, vient proposer à l’édile d’investir, avec d’autres graffiteurs, deux ou trois étages du parking du centre-ville. Quelques mois auparavant, une fresque géante réalisée au cœur de Saint-Gervais a apporté la preuve que cette Factory n’est pas une association de « barbouilleurs ». Jean-Marc Peillex n’hésite donc pas une seconde : « C’est tout le parking qu’il faut faire », répond-il. Le collectif relève le défi et sélectionne autant d’artistes, internationaux, que de niveaux, plus un pour la façade extérieure. Environ 6 500 litres de peinture acrylique et 2 500 bombes aérosol sont jugés nécessaires pour recouvrir les 2 000 m3 de chacun des onze étages, une volumétrie qui donne son nom au projet : 2KM3. Pour le financer sans obérer le budget communal, l’élu, également vice-président du conseil départemental de la Haute-Savoie, a trois semaines ; il sollicite le mécénat d’entreprises, locales, ou pas : L’Oréal, exploitant des thermes de Saint-Gervais, répond présent, parmi une dizaine d’autres. Agnès b. donne, elle, sa caution symbolique. « Ça va être magnifique », s’enthousiasme Jean-Marc Peillex, qui estime que cette réalisation « unique au monde » aura certainement des retombées économiques, et qui en tire déjà volontiers une leçon : « L’argent pour la culture, quand on veut le trouver, ce n’est pas difficile. »