Une constellation d’amateurs d’art moderne et contemporain

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 22 novembre 2002 - 432 mots

Pour la première édition d’Art Basel Miami Beach, quelques-uns des plus grands collectionneurs de la région proposent à un public trié sur le volet de découvrir leurs trésors.

Norman et Irma Braman, Martin Z. Margulies, Rosa et Carlos de la Cruz, Donald et Mera Rubell, et Dennis et Debra Scholl figurent au rang des grands collectionneurs de réputation internationale. Concessionnaire automobile fortuné, Norman Braman (qui ne participe pas au programme de visites) possède une collection pléthorique composée notamment de chefs-d’œuvre de Giacometti, Miró, Picasso, de Kooning et Kiefer. Il dispose sans doute de l’ensemble d’œuvres de Calder le plus important en mains privées. Lors de la dernière Foire de Bâle, il a acquis sans peine un Tàpies important à la galerie Lelong (Paris) ainsi qu’un tableau spectaculaire de Sam Francis sur le stand de la galerie C & M (New York). Cette dernière toile avait été exposée à la Fondation Beyeler, à Riehen en Suisse, en confrontation avec les Nymphéas de Monet. Le magnat de l’immobilier Martin Z. Margulies a constitué une collection débutant à l’après-guerre avec Calder, Rothko et Twombly, et se prolongeant jusqu’à la photographie contemporaine, avec un important groupe des élèves des Becher. Collectionneur chevronné, il avait notamment acquis lors de la Foire de Bâle les héros de cartoons fatigués de Gilles Barbier proposés par Georges-Philippe et Nathalie Vallois (Paris). Peu effrayé par les installations, il a aussi acheté une sculpture d’Ernesto Neto, réseau de filets embaumé d’épices, présenté à la dernière Biennale de Venise. Les De la Cruz sont quant à eux principalement intéressés par un art contemporain à la croisée de l’Amérique du Nord et de l’Amérique latine. Gabriel Orozco, Felix Gonzalez-Torres ou Ana Mendieta comptent parmi leurs artistes préférés. Ces collectionneurs ont pourtant récemment acquis quatre toiles de Takashi Murakami exposées à la Fondation Cartier (Paris). À leurs côtés, Donald et Mera Rubell, dont la fortune repose sur l’hôtellerie, ont composé une collection ambitieuse, de l’avis des observateurs, très cutting edge [très à la pointe]. Ils ont acheté sans sourciller Takashi Murakami, Maurizio Cattelan, Damien Hirst ou Cindy Sherman à l’orée de leurs carrières. Le site Internet de leur collection, exposée au public dans un ancien dépôt des douanes américaines, évoque fièrement une photographie de Cindy Sherman acquise voilà vingt ans pour 250 dollars (248 euros), dont le prix serait multiplié par mille aujourd’hui ! Les Scholl, quant à eux, sont versés essentiellement dans la photographie contemporaine, de Thomas Demand à Matthew Barney en passant par Olafur Eliasson. Ces cinq piliers de réputation internationale masquent une constellation d’amateurs locaux plus ou moins actifs mais incontestablement fortunés.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°159 du 22 novembre 2002, avec le titre suivant : Une constellation d’amateurs d’art moderne et contemporain

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