Justice

Un Pleurant au Conseil d’État

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 4 janvier 2018 - 332 mots

La juridiction va prochainement examiner le litige concernant une sculpture médiévale revendiquée par l’État.

Paris. À qui appartient le moine pleurant du tombeau de Philippe le Hardi ? Après deux décisions favorables à l’État en 2015 (tribunal administratif) et 2017 (cour administrative d’appel), il revient au Conseil d’État de se prononcer. Jusqu’à la Révolution, cette statuette ornait le tombeau (en réalité un cénotaphe) de Philippe II de Bourgogne, dit « Philippe le Hardi » (1342-1404), installé depuis 1827 au Musée des beaux-arts de Dijon. Douze des quarante et une statues avaient disparu en 1794, quatre ont été retrouvées au Musée de Cleveland, et celle qui fait l’objet du litige est entrée dans la famille des actuels possesseurs en 1813. La justice administrative considère que ces pleurants appartiennent au domaine public et que la possession de la sculpture par la famille depuis deux siècles ne lui confère pas de droit de propriété.

L’histoire prend une dimension morale avec les circonstances particulières qui ont conduit la justice à se prononcer. L’État connaît depuis longtemps l’existence de cette statuette. La famille l’a plusieurs fois prêtée, notamment au Musée des beaux-arts de Dijon. C’est lorsque Marie-Claude Le Floc’h, dernière héritière de la statuette (et par ailleurs maire adjointe à la culture de Neuilly-sur-Seine), s’est résolue à la vendre en 2014 par l’entremise de la maison Pierre Bergé & Associés et a demandé un certificat d’exportation, que le ministère de la Culture a non seulement refusé de délivrer le précieux sésame, mais a exigé la restitution du pleurant. « Si Madame Le Floc’h n’avait pas décidé de mettre en vente la statuette, l’État ne l’aurait pas réclamée », a ainsi déclaré à l’AFP, Jean-Michel Loyer-Hascoët, chef du service du patrimoine au ministère de la Culture. Pourtant des discussions avaient eu lieu entre le musée de Dijon et la famille pour la vente de la sculpture. Le pleurant est estimé entre 2 et 3 millions d’euros. Le ministère n’a pas indiqué s’il comptait aussi réclamer les quatre sculptures du Musée de Cleveland.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°492 du 4 janvier 2018, avec le titre suivant : Un Pleurant au Conseil d’État

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