Tableau de fréquentation des musées

Le Journal des Arts

Le 22 octobre 2004 - 783 mots

En toute logique, les grands établissements d’Île-de-France sont les plus fréquentés parmi les musées de notre enquête. Le Louvre, le château de Versailles et le Musée d’Orsay se placent aux trois premiers rangs.

Si les musées les plus fréquentés se trouvent être, loin devant les autres, sans surprise et par ordre d’importance, le Musée du Louvre, le château de Versailles, le Musée d’Orsay, le Centre Pompidou, le positionnement de certains autres dans ce tableau de fréquentation peut, à première vue, étonner. L’originalité du lieu est le premier attrait du Musée d’art et d’industrie-La Piscine, à Roubaix (14e rang). Exemple d’une réhabilitation pleinement réussie, l’ancienne piscine Art déco abrite une collection permanente de qualité inégale mais remarquablement mise en valeur. En outre, l’institution poursuit une exigeante politique d’expositions temporaires. Toujours dans le haut du classement, on relève le goût du public pour les hôtels particuliers abritant un musée, pour les maisons d’artistes, d’écrivains, de collectionneurs. Le Musée Jacquemart-André (11e), à Paris, en est la preuve la plus évidente. Selon sa directrice Dominique Pastellas, plusieurs raisons expliquent sa fréquentation élevée : la première visite est déclenchée par les dépliants – distribués dans les hôtels, les offices du tourisme – et les campagnes de publicité. Viennent ensuite le bouche à oreille, l’intérêt pour la visite d’un hôtel particulier habité par des collectionneurs. Ceux qui sont déjà venus reviennent en priorité à l’occasion des expositions temporaires (au moins une importante par an). Le café, installé dans la salle à manger des André, sous une fresque de Tiepolo, contribue également à fidéliser les visiteurs. À une autre échelle, la Maison Victor-Hugo, place des Vosges à Paris (21e), et le Musée Arnaga, demeure d’Edmond Rostand à Cambo-les-Bains, dans les Pyrénées-Atlantiques, 37e grâce à l’accueil de près de 65 000 curieux par an, connaissent aussi de beaux succès.
De nombreux « petits » musées sont en excellente position en terme d’entrées comme le Musée Picasso d’Antibes (19e), le Musée Toulouse-Lautrec, à Albi (20e) ou le Musée de Pont-Aven (23e). Dans les deux premiers cas, c’est le prestige du nom qui attire d’abord. À Antibes et à Pont-Aven, la fréquentation est essentiellement estivale mais massive, notamment grâce aux expositions temporaires  – un cas de figure qui se retrouve au Musée Gustave-Courbet à Ornans, 75e, lieu charmant qui accueille la majorité de ses 30 000 visiteurs annuels pendant l’exposition d’été. À titre de comparaison, le nombre d’entrées respectif de ces trois musées est supérieur à celui du Musée Condé à Chantilly (26e), pourtant tout près de Paris et riche d’une exceptionnelle collection de peintures dont les œuvres ne peuvent être prêtées.

Différences au sein d’une même ville
Les musées des beaux-arts en régions connaissent des résultats très divers selon les villes. Dijon (16e), Lyon (17e), Lille (18e), Nancy (25e) et Rouen (35e) se tiennent en haut du classement. Le Musée des beaux-arts de Reims (72e), idéalement situé tout près de la cathédrale, souffre de sa vétusté alors qu’il renferme une collection de grande qualité. Une grande différence de fréquentation s’observe également entre les musées d’une même ville – à Dijon par exemple, Musée des beaux-arts : 16e, Musée Magnin : 136e ; à Nîmes, Carré d’Art : 44e, Musée des beaux-arts : 109e –, ce qui indique, d’une part, que le public opère une sélection entre les différents musées, d’autre part une plus grande attractivité pour certains.
Du côté de l’art contemporain, il faut noter les très bons résultats du capcMusée d’art contemporain de Bordeaux (32e) – second musée d’art contemporain de ce classement après Les Abattoirs, à Toulouse, lieu brillamment réhabilité qui a su trouver son public (28e) – et du Carré d’Art à Nîmes. Françoise Cohen explique le succès de ce dernier musée par plusieurs facteurs, notamment sa réussite architecturale et son implantation très centrale dans la ville. Ceux-ci constituent de réels atouts pour attirer les visiteurs, lesquels reviennent souvent plusieurs fois au musée. Si le moteur de la fréquentation est bien, précise la directrice de l’institution, l’exposition temporaire – triannuelle, l’une thématique et les deux autres monographiques –, une politique de renouvellement régulier de l’accrochage permanent encourage le public à (re)découvrir les collections.
Ce classement ne prend pas en compte certains musées actuellement fermés pour travaux de rénovation ou de restructuration, comme le Musée d’art moderne de la Ville de Paris, le Petit Palais et le Musée des monuments français à Paris, le Musée Fabre à Montpellier ou le Musée du château des ducs de Bretagne à Nantes. Enfin, malgré nos multiples relances, certains n’ont pas répondu à notre enquête, parmi lesquels le Musée Picasso à Paris, le Musée de la Chartreuse de Douai, les musées d’art moderne et contemporain de Nice et Strasbourg, le Musée d’art contemporain de Lyon...

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°201 du 22 octobre 2004, avec le titre suivant : Tableau de fréquentation des musées

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