Nomination - Politique culturelle

La nouvelle ministre de la Culture, une femme à poigne pour diriger la Rue de Valois

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 27 mai 2022 - 617 mots

PARIS

Rima Abdul Malak remplace Roselyne Bachelot qui part un peu déçue de ne pas avoir été reconduite.

Rima Abdul Malak, le 20 mai 2022. © Ministère de la Culture / Thibaut Chapotot - CC BY-SA 3.0
Rima Abdul Malak, le 20 mai 2022.
© Ministère de la Culture / Thibaut Chapotot

1978 Rima Abdul Malak a deux points communs avec Audrey Azoulay, l’actuelle directrice de l’Unesco. Elle est née au sud de la Méditerranée (en 1978, au Liban pour Rima Abdul Malak) et elle est passée directement de l’aile des conseillers du président de la République à la Rue de Valois. En dehors de cela, leur parcours est très différent. La nouvelle ministre a grandi au Liban alors en pleine guerre avant de rejoindre la France à l’âge de dix ans. Diplômée de Science Po Lyon, elle est titulaire d’un DESS (Master 2) de coopération internationale. Sa première expérience professionnelle témoigne d’un véritable engagement humanitaire. Pendant cinq ans, elle dirige les programmes de l’ONG Clowns sans frontières, ce qui l’amène à avoir un pied dans la gestion de projets, mais aussi et surtout avoir l’autre sur le terrain auprès des plus démunis : les camps de réfugiés partout dans le monde.

2008 Après un passage d’un an à CulturesFrance, renommé Institut français, où elle assure la promotion des musiques actuelles françaises dans le monde, elle rejoint le cabinet de Christophe Girard, alors adjoint à la culture à la mairie de Paris dont elle devient en 2010 la directrice de cabinet. Quatre ans plus tard, elle monte d’un niveau pour être la conseillère culture du maire Bertrand Delanoë. La mairie de Paris est, depuis Jacques Chirac, une véritable pépinière pour les institutions culturelles de la République. C’est une forme de ministère de la Culture en réduction.

2014 Départ pour New York et l’ambassade de France où elle prend la direction du département « spectacle vivant et arts visuels », en tant qu’attachée culturelle sous l’autorité de la conseillère culturelle Bénédicte de Montlaur. Elle assure la programmation de spectacles et expositions aux États-Unis et organise TILT, un festival pour le jeune public. Emmanuel Macron apprécie les collaborateurs qui ont travaillé à l’étranger, notamment aux États-Unis, terre des start-up et des Gafam.

2019 Après le départ de la Franco-Italienne Claudia Ferrazzi, Emmanuel Macron fait appel à la jeune femme pour rejoindre son cabinet et s’occuper des dossiers culture et médias. Sa première mission : suivre toutes les nominations, repérer les talents, s’assurer de la parité. « Toutes les nominations ont été accueillies positivement », nous a-t-elle dit au cours de l’un nos entretiens, une façon de montrer leur pertinence. En fait, tous les dossiers importants lui remontent, notamment ceux qui nécessitent un arbitrage présidentiel. Elle suit en particulier la mise en œuvre du Pass culture, le plan de soutien et de relance du secteur culturel pendant la crise du Covid-19 et même la commande publique intitulée Mondes nouveaux dont elle a assuré elle-même la promotion auprès des médias, mettant la ministre de la Culture sur le côté.

2022 « Je ne m’y attendais pas », affirme-t-elle lors de la passation de pouvoir Rue de Valois, une façon de conjurer le reproche de favoritisme. Une cérémonie pendant laquelle Roselyne Bachelot a déroulé un plaidoyer très complet de son bilan à la tête d’un ministère qu’elle quitte à contrecœur, se contentant d’un « je vous souhaite le meilleur », avant de laisser la parole à sa successeure qui fut, elle, un peu plus chaleureuse à son égard. Vive, souriante, très combative, selon ses propres mots, Rima Abdul Malak va maintenant passer de « conseiller de l’ombre »à un poste très exposé, où le moindre faux pas remplit les colonnes des médias, une fois passée la période de grâce toujours plus longue pour les ministres des journalistes. Il va lui falloir aussi apprendre à gérer une administration désenchantée et l’entraîner derrière les ambitions culturelles d’Emmanuel Macron, tout cela sous le regard attentif d’un nouveau conseiller à l’Élysée.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°590 du 27 mai 2022, avec le titre suivant : Rima Abdul Malak, ministre de la Culture : une femme à poigne pour diriger la Rue de Valois

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