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La Fondation Cartier met un pied en Italie

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 25 janvier 2021 - 684 mots

MILAN / ITALIE

La fondation d’art contemporain dispose pour une durée de huit ans d’un espace permanent au sein du Palazzo dell’ Arte de la Triennale de Milan.

Le palazzo dell'Arte ou palazzo Bernocchi, lieu de la Triennale Milano. © Gianluca di Ioia / Triennale Milano
Le palazzo dell'Arte ou palazzo Bernocchi, lieu de la Triennale Milano.
© Gianluca di Ioia /Triennale Milano

Milan. C’est l’une des nombreuses expositions mises à mal par la pandémie : « Claudia Andujar. La lutte Yanomami » devait ouvrir en octobre dernier à la Triennale Milano. Si les Parisiens avaient pu la voir à la Fondation Cartier pour l’art contemporain en février 2020 avant le premier confinement, les Milanais ne la verront sans doute pas. Une exposition itinérante de plus pour la Fondation ? Pas tout à fait, car elle ouvre un partenariat inédit entre la fondation privée et l’institution culturelle italienne au nom trompeur. La « Triennale Milano », héritière de l’Exposition internationale des arts décoratifs, est en effet aujourd’hui avant tout un lieu, pluridisciplinaire : le Palazzo dell’Arte construit en 1933 qui présente les collections permanentes du musée du design, accueille des expositions temporaires et organise la fameuse triennale de design.

Dorénavant et pendant au minimum huit ans, la Triennale va héberger, dans un espace réservé de 1 300 m², deux expositions par an organisées ou coorganisées par la Fondation Cartier. « L’idée a germé il y a un an lorsque Stefano Boeri, le président de la Triennale, est venu me voir à Paris. Cela m’a tout de suite intéressé et il n’a fallu qu’un mois pour se mettre d’accord », explique Hervé Chandès, le président de la Fondation Cartier.

Des centres d’intérêt partagés

Les deux institutions se connaissent bien, la Fondation a déjà rejoué à Milan deux de ses expositions : « David Lynch » en 2007 et « Le Grand Orchestre des animaux » en 2017. Hervé Chandès pointe la proximité intellectuelle avec son homologue italien, qui possède un même goût pour les problèmes environnementaux, la science, les grands enjeux de la planète. La 22e édition de l’exposition triennale italienne avait ainsi pour thème la nature détériorée.

Si la Fondation insiste sur le « partenariat avec nos amis italiens, [rappelant que] nous sommes chez eux », c’est elle qui est bel et bien aux commandes de la programmation, fournissant le plus souvent le commissariat et les œuvres. En 2021, sont prévues une exposition sur une sélection d’œuvres de la Fondation opérée par le peintre argentin Guillermo Kuitca, suivie d’une autre sur Raymond Depardon. Hervé Chandès est plus discret sur le financement, dont on suppose qu’il est apporté par la Fondation Cartier. Celle-ci va devoir augmenter la taille de son équipe, composée actuellement de 60 personnes, pour prendre en charge cette nouvelle activité. L’argent n’est pas un problème pour une fondation largement financée par le groupe suisse d’horlogerie de luxe Richemont, qui a dégagé un bénéfice de 2,7 milliards d’euros en 2019.

Une présence internationale ancienne

Le joaillier et horloger de luxe a compris depuis longtemps quel formidable vecteur de communication sont les expositions d’art contemporain de la fondation qui porte son nom. Depuis l’exposition itinérante de l’artiste allemand Jochen Gerz en 1988 en Allemagne puis en Autriche, ce ne sont pas moins de 80 expositions portant la griffe « Cartier » qui ont été organisées dans 52 villes partout dans le monde. Tokyo, Londres et Milan figurent dans le trio de tête, mais elles sont en passe d’être rattrapées par Shanghaï. La fondation a en effet établi dans la capitale économique de la Chine des liens solides avec la Power Station of Art, un musée public d’art contemporain installé dans une ancienne usine électrique. « Aller à l’étranger est très important pour nous, explique Hervé Chandès, cela nous permet d’enrichir notre regard sur l’art et nos collections. »

Paris reste cependant plus que jamais la base arrière de la Fondation. Après avoir quitté en 1994 la banlieue (chic) de Jouy-en-Josas (Yvelines) pour prendre ses quartiers à proximité de Montparnasse dans un bâtiment construit par Jean Nouvel, la Fondation a racheté l’ex-bâtiment du Louvre des Antiquaires (à proximité du Louvre donc), non loin de La Samaritaine de Bernard Arnault et de la Bourse de commerce de François Pinault. « Ce nouveau lieu va nous permettre d’avoir un auditorium, une salle de projection, des espaces pour présenter notre collection », explique le directeur, en précisant que la Fondation gardera son site actuel.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°559 du 22 janvier 2021, avec le titre suivant : La Fondation Cartier met un pied en Italie

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