Danse & Théâtre

Théâtre

La Fenice retrouve sa splendeur

Par Anna Somers Cocks · Le Journal des Arts

Le 19 décembre 2003 - 456 mots

Après huit ans de fermeture, la Fenice rouvre enfin ses portes.

Venise - Le théâtre de la Fenice à Venise a rouvert ses portes le 14 décembre avec un concert en présence du président de la république italienne, Carlo Azeglio Ciampi. Cette soirée de gala, placée sous la direction musicale du chef d’orchestre Riccardo Muti, a mêlé Ludwig van Beethoven, Igor Stravinsky, Antonio Caldara et Richard Wagner.

Après l’incendie qui a ravagé le théâtre le 21 janvier 1996, et les quatre années de retard des travaux, le maire de la ville, Paolo Costa, peut savourer son triomphe. En mars 2001, lorsqu’il prend en main le projet « maudit », il joue l’avenir de sa carrière politique sur une réouverture de l’édifice en 2003. Dans les années précédentes, les retards dus à l’inertie de l’administration, les querelles politiques et le déclin qui affectent Venise avaient conduit à des désaccords sur le choix de l’entreprise de construction. La première équipe, dont faisait partie l’architecte Gae Aulenti, la société Impregilo détenue par le groupe FIAT, est écartée du projet au bout de quelques mois par le Conseil d’État, au motif du non-respect du cahier des charges. Mais l’équipe allemande qui la remplace, Holtzmann-Romagnoli et l’architecte Aldo Rossi, n’est guère plus véloce puisque, parvenue aux deux tiers de l’échéance prévue pour la réalisation des travaux, seuls 6 % étaient achevés. Le contrat est donc rompu par le nouveau maire de Venise en 2001 pour non-respect des engagements. Le chantier est alors confié à une société vénitienne, la Sacaim, associée à trois sous-traitants régionaux.

L’argent n’a jamais manqué, d’abord parce que le gouvernement italien a voté de larges enveloppes pour ce projet très médiatique, ensuite parce que des fonds venant du monde entier ont été versés par tous les amoureux de Venise, choqués par le désastre qui a frappé la Fenice. L’organisation caritative britannique The Venice in Peril Fund a notamment donné 270 000 euros pour le gigantesque lustre en cuivre et en porcelaine qui trône au-dessus des spectateurs. Créé par une entreprise de Liverpool aujourd’hui disparue, l’objet a été reproduit à l’identique dans la région de Venise.

Après une semaine de concerts inauguraux, dont un donné par Sir Elton John, la Fenice refermera ses portes jusqu’en novembre 2004, afin de permettre l’installation des équipements techniques dernier cri. Ces infrastructures modernes sont la seule modification apportée à la Fenice ; l’édifice dont le style date des années 1830 a été recréé dov’era, com’era (où il était, comme il était). L’incendie aura pourtant été à l’origine d’une opération importante : le dragage des canaux. En effet, après des années de négligence des voies d’eau, la brigade des sapeurs-pompiers n’avait pu accéder à une partie du théâtre à cause du non-entretien des canaux.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°183 du 19 décembre 2003, avec le titre suivant : La Fenice retrouve sa splendeur

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