Royaume-Uni - Musée

PORTRAIT

Karin Hindsbo : La Danoise qui rêvait du musée londonien

Directrice de la Tate Modern

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 10 mai 2023 - 658 mots

Karin Hindsbo. © Nasjonalmuseet / Ina Wesenberg
Karin Hindsbo.
© Nasjonalmuseet / Ina Wesenberg

1974 Sa carrière l’a conduite en Norvège puis au Royaume-Uni, mais c’est au Danemark que naît Karin Hindsbo en 1974. Elle se dirige vers des études d’histoire de l’art et des idées à l’université d’Aarhus, dont elle sort diplômée en 2002. Quelques années plus tard, elle complétera cette formation avec un cursus danois en comptabilité et gestion financière, puis un cours de management en Norvège, enrichissant sa panoplie de compétences. Son premier poste, à sa sortie de l’université, associe management et commissariat artistique, à l’O-Overgarden, Institute for Contemporary Art, une institution indépendante située dans le quartier libertaire de Christiana à Copenhague et fondée par des artistes au milieu des années 1980.

2006 Karin Hindsbo poursuit sa carrière à Copenhague où elle dirige l’association Den Frie Udstilling, équivalent danois du Salon des refusés, fondé à la fin du XIXe siècle, devenu depuis un centre d’art contemporain. Nouveau poste à responsabilités en 2009, lorsqu’elle prend la direction artistique du Kunsthal d’Aarhus, l’un des plus vieux centres d’art au Danemark et en Europe. Durant ce parcours danois, Karin Hindsbo multiplie les activités : elle enseigne l’art contemporain à l’université de Copenhague, assume la rédaction en chef de la revue Øjeblikket et siège dans plusieurs conseils d’administration d’associations. L’historienne de l’art publie aussi des articles scientifiques et prépare des expositions, notamment sur le féminisme et Henning Christiansen, membre danois de Fluxus.

2012 Elle part en Norvège, où elle prend la direction du Musée d’art Kunstsilo à Kristiansand. Dans l’entretien qu’elle accorde au journal universitaire danois Akademikerbladet, elle partage son enthousiasme pour les opportunités que lui offre son pays d’adoption : « En Norvège, le soutien aux arts est complètement différent. Le pays s’est fixé pour objectif de dépenser un pour cent de son PIB dans la culture. Concrètement, dans mon travail cela signifie très peu de levées de fonds, et beaucoup plus de temps pour travailler en profondeur sur l’institution et mon sujet – quelque chose qui pouvait me manquer au Danemark. » En 2014, elle poursuit ce parcours norvégien en prenant la direction du Kode, le grand musée d’art contemporain de Bergen, deuxième ville du pays.

2017 Après ce passage remarqué à Bergen, elle est nommée pour mener à bien la refonte du Musée national d’Oslo, qui comprend la fusion de cinq institutions et la construction d’un nouveau bâtiment, un immense vaisseau de 54 000 mètres carrés dont 13 000 sont dévolus aux expositions. Danoise à la tête de la plus grande institution muséale norvégienne, Karin Hindsbo marche sur des œufs : ses choix sont critiqués, comme lorsqu’elle refuse d’acquérir l’installation Gjerdeløa de Marianne Heske, considérée comme une œuvre insigne de l’art contemporain norvégien, ou quand elle doit s’expliquer sur l’absence d’une œuvre de Christian Krohg (1852-1925) dans l’accrochage du musée, étant accusée d’une pratique de cancel culture. Son management et le retard des travaux font également l’objet de critiques, que l’ouverture du nouveau musée en 2022 fera taire : un succès, sur laquelle la Norvège mise beaucoup pour doper son tourisme culturel.

2023 Karin Hindsbo est nommée directrice de la Tate Modern, à Londres, et prendra ses fonctions en septembre. Pour l’historienne de l’art danoise, c’est un vieux rêve qui se réalise. En 2013, elle confiait à l’Akademikerbladet avoir fait un peu plus que seulement pensé au musée londonien : « Il y a quelques années j’ai postulé à un emploi de management senior à la Tate Modern, et j’ai eu un entretien. Le poste est finalement revenu à l’un de mes modèles dans la profession. J’ai trouvé ça chouette d’avoir fait partie de la même série d’entretiens qu’elle ! » Dix ans plus tard, elle remplace Frances Morris, qui dirige l’institution depuis 2016. Si l’historienne de l’art se dit « plus que ravie »à l’idée d’occuper l’un des postes les plus convoités des musées européens, elle devra en revanche faire le deuil du généreux financement public norvégien : le gouvernement britannique est de son côté engagé dans une réduction des subventions allouées aux institutions culturelles.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°611 du 12 mai 2023, avec le titre suivant : Karin Hindsbo, directrice de la Tate Modern : La Danoise qui rêvait du musée londonien

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