Étude

5 idées reçues sur les collections d’entreprises

L’étude commandée par Axa Art, livre les premières données solides sur les collections d’entreprises en France, un phénomène récent

Une étude commandée par Axa Art, une filiale de l'assureur Axa, à l’enseignante-chercheuse Nathalie Moureau sur les collections d’entreprise remet en cause plusieurs idées reçues. Le profil des sociétés qui ont constitué des ensembles d’œuvres artistiques ou patrimoniales est plus divers qu’on ne le pense. Et leurs dirigeants ne sont pas les seuls à en profiter. Mais leur poids sur le marché reste faible.

«Collections et entreprises, liaisons dangereuses ou amour de raison » : il y a encore quelques années, l’étude proposée par Nathalie Moureau, maître de conférences en sciences économiques à l’université de Montpellier Paul Valéry (lire également p. 19), n’aurait pas eu lieu d’être. En effet, l’engagement des entreprises dans une démarche de collection, quel que soit leur objet, est récent : à peine 9 % des collections artistiques recensées existaient avant 1980. Elles étaient tout juste un tiers (34 %) à exister parmi les collections dites patrimoniales. Cette dichotomie (artistique et patrimoniale) court durant toute l’étude. Elle permet de comparer les collections liées à l’histoire et au métier de l’entreprise aux collections artistiques, essentiellement issues d’acquisition d’œuvres contemporaines. Si beaucoup d’intuitions sont rapidement confirmées (« 82 % des collections artistiques naissent de la volonté d’un dirigeant passionné ») et que l’étude n’apporte pas de franche surprise, elle permet néanmoins de battre en brèche certains clichés. En voici cinq.

1 - Les collections d’entreprises ne sont pas l’apanage exclusif des grandes banques et des multinationales du luxe. Seules 20 % des collections artistiques appartiennent au secteur de la banque et de l’assurance, et à peine 10 % au monde du luxe et de la beauté. En regardant l’immobilier (15 %), le conseil aux entreprises (18 %) ou les médias (5 %), on constate qu’une petite moitié des collections n’appartient pas au secteur tertiaire. C’est encore plus vrai pour les collections patrimoniales, détenues à 23 % par le seul secteur de l’industrie et de l’énergie. Notons que cette spécificité semble française, puisqu’au Royaume-Uni, entre 1960 et 1980, deux tiers des collections étaient détenues par des banques. Un pourcentage qui a baissé en dessous de 50 % et tourne autour de 30 % aux États-Unis aujourd’hui.

2 - Les petites et les moyennes entreprises (PME) aussi collectionnent. Plus de 54 % des entreprises qui collectionnent l’art ont moins de 250 salariés et une collection sur deux compte moins de 50 œuvres (elles sont récentes). Même pour les collections patrimoniales, la majorité (60 %) a été créée après 1990. La jeunesse et la légèreté surprenantes des collections (notamment artistiques) sont illustrées par leur gestion : dans 44 % des collections artistiques, aucune personne n’est spécifiquement dédiée au fonds.

3 - Les collections d’entreprise ne sont pas des biens de luxe réservés aux yeux du haut management. Seules 8 % des entreprises n’exposent pas leur collection artistique. Dans 80 % des cas, elle est installée dans les espaces communs des bureaux et accessibles à tous les employés du site. Côté patrimonial, une moitié possède un lieu dédié (musée d’entreprise ou équivalent), au moins ouvert aux employés. En revanche, la moitié des collections restent fermées grand public.

4 - La réalité des acquisitions contredit l’image d’un art contemporain inutile et somptuaire. L’étude viendra en aide à certaines entreprises pour désacraliser leur démarche. Notons déjà que 20 % des collections patrimoniales et 25 % des artistiques sont détenues (et donc financées personnellement) par le dirigeant, qui les expose dans les locaux. Dans 80 % des cas, l’acquisition ne possède pas de budget préétabli et s’établit au fil de l’eau. Par ailleurs, l’achat d’œuvres contemporaines est déductible de l’impôt, à 33 % et dans la limite de 0,5 % du chiffre d’affaires. La croissance est forte, puisque la dépense fiscale correspondante a été multipliée par sept en dix ans, entre 2005 et 2015, avec un volume global d’achat estimé à 21 millions d’euros. Mais en divisant ce montant par la centaine de collections recensées et en le comparant aux budgets de communication ou de mécénat des grands groupes, on constate que le collectionnisme est un poids budgétaire mesuré dans l’univers des entreprises.

5 - Du côté du marché de l’art enfin, les entreprises ne font pas encore figure d’acteurs significatifs : elles réalisaient au début des années 2000 à peine 5 % des achats. Le caractère spéculatif reste également mesuré : alors que 40 % des collectionneurs individuels considèrent la revente comme faisant partie de la vie de la collection, moins de 20 % des entreprises indiquent avoir déjà revendu une pièce. Plus d’une entreprise sur deux achète majoritairement en galerie, plus d’une sur trois directement aux artistes. Le recours aux maisons de ventes est ponctuel ou inexistant dans plus de la moitié des cas.

Notons que l’étude a inauguré une méthodologie qui devrait permettre une mise à jour régulière, ainsi qu’une extension prochaine à la Belgique.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°465 du 14 octobre 2016, avec le titre suivant : 5 idées reçues sur les collections d’entreprises

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