2400 ans après avoir été condamné à mort, Socrate est rejugé et acquitté à Athènes

Par Doriane Lacroix Tsarantanis · lejournaldesarts.fr

Le 30 mai 2012 - 479 mots

ATHÈNES (GRECE) [30.05.12] – Le philosophe a été rejugé à Athènes, à l’occasion d’un évènement organisé par la Fondation Onassis. Son président, Antonis Papadimitriou, a expliqué que les dix juges internationaux ont été choisis pour « souligner dans cette période difficile le caractère international du patrimoine culturel grec », estimant également que ce procès pourrait être bénéfique pour la Grèce en crise.

En 399 avant J.C., Athènes avait intenté un procès contre Socrate (âgé de 70 ans) pour impiété. Ce sont Mélétos et Amytos qui avaient déposé une plainte publique contre le philosophe, lui reprochant de ne pas reconnaître les dieux de la cité, d’y introduire des divinités nouvelles, et de corrompre les jeunes gens. Le projet d’un nouveau procès de Socrate a été lancé à l’initiative du Centre Culturel Onassis, qui accueille régulièrement des évènements et manifestations artistiques. Ainsi, ce sont dix juges internationaux (issus de Grande-Bretagne, de France, d’Allemagne, de Grèce, de Suisse et des États-Unis) qui se sont saisis de « l'affaire » le 25 mai dernier à Athènes.

Alors que Loretta Preska, juge new-yorkaise, a été désignée pour incarner la présidente du tribunal, Ilias Anagnostopoulos et Antonis Papadimitriou (président de la fondation Onassis) ont défendu la cité athénienne, en reprenant les accusations portées contre Socrate, tandis que Michael Beloff et Patrick Simon ont tenté de les réfuter. Le philosophe a été à nouveau jugé en présence de 866 spectateurs, et des internautes qui ont pu suivre l’audience en direct. Le verdict a finalement été rendu en faveur de Socrate, bien que les avis sur sa culpabilité aient à nouveau été partagés. Cinq juges sur dix ont penché pour la culpabilité, entraînant une parité qui rendait la condamnation impossible. Ce sont les spectateurs qui ont tranché en se prononçant en faveur de l'innocence de Socrate (avec 584 votes en sa faveur et 282 votes pour la cité d’Athènes), offrant ainsi un acquittement au philosophe, plus de 2400 ans après sa mort.

Antonis Papadimitriou a expliqué qu’à travers Socrate, « on aborde la question des limites de la liberté de parole et de pensée ». L’avocat de la cité d’Athènes a ajouté que le philosophe « exigeait de profiter des bénéfices de la démocratie sans ses responsabilités », étayant son argumentation par les interrogations suivantes : « Jusqu'où le citoyen qui est contre le régime peut-il aller? Quels sont les droits du régime démocratique contre les citoyens? ». Patrick Simon, avocat français représentant Socrate, a soutenu de son côté qu’il n'y a « pas de peine sans loi », en s’adressant ainsi aux juges: « La démocratie doit-elle avoir peur des opinions contraires et du libre arbitre? Faut-il condamner des idées? ».

Le président de la fondation Onassis a également déclaré que l’événement avait un lien avec l'actualité, tout en précisant qu’il ne s’agissait pas seulement de l’actualité grecque, puisque « le sujet est diachronique et interculturel ».

Légende photo

Jacques Louis David (1748-1825) - La mort de Socrate (1787) - Huile sur toile - 130 x 196 cm - source Wikipedia

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