Réouverture des appartements des Filles de France à Versailles

Par Margot Boutges · lejournaldesarts.fr

Le 26 avril 2013 - 574 mots

VERSAILLES [26.04.13] - Les appartements de Mesdames Adelaïde et Victoire, filles de Louis XV, viennent de rouvrir leurs portes au public au château Versailles après avoir été remeublés et redécorés.

Entièrement vidé à la Révolution Française, le château de Versailles a entrepris depuis 1950 de retrouver l’état qui était le sien au départ de Louix XVI et Marie-Antoinette aux Tuileries.

Après le remeublement de l’antichambre du grand couvert de la Reine, du salon des jeux et du salon de Mercure, c’est au tour des appartements des « Filles de France » de retrouver leur pouvoir d’évocation.

Ils ont rouvert au public le 25 avril 2013 et sont désormais intégrés au parcours de visite libre.

Madame Victoire et Madame Adelaïde, excellentes musiciennes et femmes célibataires comme presque toutes les filles de Louis XV et de Marie Leszczinska, ont occupé de 1769 à 1789 ces appartements en enfilade placés au rez-de-chaussée du corps central du château.

En 1793, les meubles et décors sont éparpillés à l’encan au cours des ventes révolutionnaires, tandis que les princesses se réfugient au château de Bellevue, puis en Italie.

En grande partie détruites sous Louis-Philippe, les boiseries ont été restituées en 1982 sur des modèles anciens et les pièces en partie remeublées.

Depuis dix-huit mois, les lieux étaient fermés au public pour une deuxième étape de redécoration dont le gros du chantier a consisté à restituer les tentures, rideaux, portières, paravents, écrans, garnitures sièges et autres textiles sur des modèles du XVIIIe siècle.

Un remeublement par équivalences

Depuis 1950, la direction de Versailles a privilégié un remeublement « archéologique » des pièces du château en multipliant les acquisitions d’objets identifiés comme provenant de Versailles grâce au dépouillement du Journal du Garde-Meuble et des inventaires pré révolutionnaires.

Trois porcelaines de Sèvres à fond vert peintes par Charles-Nicolas Dodinqui, ont ainsi été acquises en 2012 grâce au mécénat de LVMH Moët Hennessy. Elles ont retrouvé la cheminée de la chambre à coucher de Madame Victoire, à côté de deux vases de la même série que le MET a consenti à prêter pour une longue durée.

Mais les archives sont parcellaires et certains objets, parfois conservés dans des instituions publiques étrangères, ne se présentent jamais sur le marché de l’art. Aussi Versailles s’est vue contrainte de « s’arranger avec l’Histoire » et d’intégrer dans les salles des « équivalences », objets non Versaillais datant de la même période et mettant en avant la fonction des pièces.

Pour remeubler les appartements des filles de France, Béatrix Saule, directrice de l’établissement, a sollicité pour Versailles de nombreux objets, provenant des collections du château de Bellevue, où les filles de Louis XV avaient l’habitude de fuir l’étiquette de la cour.

Une bibliothèque et un secrétaire à cylindre en acajou d’Etienne Levasseur, que Madame Adélaïde avait achetés à la veille de la Révolution pour sa résidence de campagne ont ainsi intégré le parcours Versaillais après un dépôt de la « caverne d’Ali Baba de la République » , le Mobilier National.

Le Musée du Louvre, où avaient été transférées grand nombre de collections versaillaises à la Révolution, s’est quant à lui délesté d’un grand bureau plat signé Jean-Henri Riesener provenant du château de Fontainebleau où il était vraisemblablement destiné à Marie-Antoinette.

Des dépôts favorisés grâce au comité de remeublement formé en 2010, composé de conservateurs de Versailles, du Louvre et d’inspecteurs du Mobilier national, qui participe actuellement à restitution de la chambre de Louis XVI qui s’achèvera en 2014.

Légende photo

Charles Nicolas Dodin (1734-1803) - Ensemble de porcelaines de Sèvres, vases à fond vert et décor pastoral - Acquisition de Madame Victoire, fille de Louis XV, pour sa chambre à coucher - © château de Versailles.

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