TERVUREN / BELGIQUE
Des associations africaines ont été consultées lors de la réflexion menée autour du futur Musée royal de l’Afrique centrale..
Projet scientifique. Plutôt qu’un aménagement du bâtiment de Charles Girault (1851-1933), les diasporas africaines de Belgique auraient préféré que le musée déménage dans un lieu moins marqué par le colonialisme. Or, pour le marchand d’art africain Didier Claes, « l’idée même du MRAC [Musée royal de l’Afrique centrale] à sa création était d’imposer le Congo en Belgique à travers un bâtiment officiel ». Il estime que « le choix de rester dans ce bâtiment était le bon, comme celui de changer le nom du musée, tout en préservant un devoir de mémoire face au colonialisme ». Des choix critiqués par certaines associations africaines membres du comité de concertation qui a participé à la réflexion sur le nouveau parcours permanent du MRAC.
Quel rôle doit jouer la diaspora africaine dans un musée européen sur l’Afrique ? Cette question reste sensible, et le directeur comme les conservateurs du musée ne cachent pas les nombreux désaccords qui ont émaillé les discussions. Pour le conservateur Julien Volper, c’est avant tout la question de « l’expertise des membres de la diaspora » qui est posée : sur le plan de la scénographie, ces associations n’ont pas les compétences d’un historien de l’art pour sélectionner un ensemble d’objets autour d’un discours construit. Julien Volper regrette une forme de « discrédit du discours scientifique » face aux récits personnels diffusés dans certaines salles, alors que le musée est aussi un centre de recherche fédéral. Ainsi, dans la galerie « Rituels et cérémonies », les objets exposés en vitrine n’interagissent pas avec les témoignages diffusés sur écran vidéo, et les textes de salle s’en tiennent à des généralités sur la naissance et la mort dans les cultures africaines. De son côté, le conservateur Jacky Maniacky, chargé de la galerie « Langues et musiques », estime qu’il faut consulter les diasporas pour « être au plus près du juste et de la réalité » : si un locuteur d’une langue rare est disponible en Belgique, il peut être interviewé en complément de séjours effectués sur le terrain. Jacky Maniacky valorise aussi le rôle des diasporas pour l’évaluation du « ressenti des visiteurs dans l’exposition », plus que pour l’élaboration du parcours permanent. Certains militants des diasporas africaines ont annoncé qu’ils boycotteraient l’inauguration du musée au motif qu’il restait encore trop colonialiste, alors qu’une salle du musée présente l’histoire des diasporas africaines de Belgique. Le directeur, Guido Gryseels, leur a indirectement répondu que « la décolonisation du musée est un processus à long terme ».
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Les diasporas africaines sollicitées
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°513 du 14 décembre 2018, avec le titre suivant : Les diasporas africaines sollicitées