Comment peindre dans un monde saturé d’images ?

Par Vincent Delaury · L'ŒIL

Le 22 janvier 2015 - 395 mots

Dans notre société sursaturée d’images, provenant d’Internet, presse, jeux vidéo, cinéma, télévision, etc., de jeunes peintres continuent de produire malgré tout des images via leurs tableaux, clairement figuratifs ou au seuil de l’abstraction.

Certains s’attardent sur ce que montre crûment l’image, c’est le cas d’un Beneyton ou d’un Bresson, pendant que d’autres, tels que Nielsen et Albizzati, axent davantage leur expérimentation picturale, à l’instar de l’Américain Christopher Wool, sur les ratés de l’image : surimpressions, strates baveuses de la sérigraphie, traces accidentelles de l’imprimante. À chaque fois, que l’on soit de plain-pied dans la figuration naturaliste, dans l’expressionnisme ou dans l’ambiguïté de l’abstraction/figuration, la question qui se pose est : que peindre et comment peindre face au flot d’images ininterrompu que l’on rencontre partout, sur notre ordinateur, dans les publicités, dans la rue ? La question n’est pas nouvelle, la photographie n’a pas tué la peinture et, au XXe siècle, des Warhol, Bacon, Monory et autres Richter n’ont jamais ignoré les nouveaux modes de représentation du réel de leur temps.

De nos jours, la peinture contemporaine se nourrit plus que jamais d’images multiples : des peintres tels Barrot, Bresson, Levasseur, Lévy-Lasne, Liron et Nielsen ne cachent pas qu’ils s’appuient sur tout un arsenal d’images pour élaborer leurs toiles ; cela va des clichés chinés dans les archives familiales aux images provenant du Net ou des magazines en passant par des photos prises par leur appareil numérique ou issues de mises en scène avec des modèles dans leur propre atelier. Par ce biais de l’image – souvent d’actualité – qu’ils s’approprient, ils traitent, à côté des genres consacrés de l’histoire de la peinture (portraits, paysages, vanités…), l’histoire contemporaine : un Barrot montre la violence policière en pleine rue pendant qu’un Bresson brosse une scène d’émeute en banlieue. Et, malgré l’air de déjà-vu que présentent de prime abord leurs toiles, on se rend vite compte qu’on est bien face à une peinture et non pas devant un visuel reproductible à l’infini. Ces jeunes peintres talentueux opposent à l’évidence des images de consommation la complexité et la recherche de leurs tableaux et, face à la « tyrannie de l’immédiateté » (Paul Virilio) des fast medias, ils font un arrêt sur image qui invite à la réflexion : leur peinture étant, non pas la répétition d’une image formatée, mais bel et bien une captation poétique du réel via une appropriation subjective pleinement assumée de l’image utilisée au départ.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°676 du 1 février 2015, avec le titre suivant : Comment peindre dans un monde saturé d’images ?

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