À quoi bon peindre aujourd’hui ?

Par Vincent Delaury · L'ŒIL

Le 22 janvier 2015 - 424 mots

Peindre, pour ces jeunes créateurs, c’est aussi se coltiner à un art qui ne souffre pas l’à-peu-près.

« La peinture est morte », « Bête comme un peintre »… En dépit de Marcel Duchamp et de la prédominance des installations et des nouveaux médias, la peinture se porte au mieux ces derniers temps. Les rétrospectives consacrées aux grands peintres (Monet, Hopper, Dalí…) attirent les foules. Les tableaux et les feuilles, objets tangibles, sont toujours ce qui se vend le mieux en galerie. Et, depuis une dizaine d’années, dans les écoles d’art, on voit sortir de plus en plus de jeunes gens qui s’intéressent à cette expression-là, pourtant longtemps réputée usée jusqu’à la corde.

On a désormais une génération montante (entre 25 et 45 ans) d’artistes qui sont entièrement peintres. Ces « artistes peintres » (Farah Atassi, Ronan Barrot, Guillaume Bresson, Nicolas Chardon, Olivier Masmonteil, Marlène Mocquet, Claire Tabouret…), fort nombreux, s’avèrent en outre être doués et particulièrement inventifs. Mais pourquoi peindre aujourd’hui, alors que tout semble avoir été fait et dit en la matière ? Peut-être parce que, face à la pléthore de nouvelles pratiques (installations, vidéo, photographie, etc.) qui ont donné naissance à autant d’académismes et de tics estampillés « art contemporain », la peinture, qu’on avait à tort prise pour une vieillarde agonisante, connaît un regain de jeunesse et apparaît même à la pointe de l’avant-garde ! Peindre, pour ces jeunes créateurs, c’est certainement aussi se coltiner à un art qui ne souffre pas l’à-peu-près.

Quand Maurice Denis écrivait : « Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées », il voulait sans doute faire remarquer combien il est périlleux d’affronter cet art de la surface pour lui donner de la profondeur. Avouons-le, autant on peut un tant soit peu tromper son monde en s’appuyant sur des technologies et des astuces de mise en scène, autant il est plus difficile de réussir un tableau. Avec la simple toile blanche, le bluff n’a pas sa place, d’autant plus qu’il y a toute l’histoire de la peinture derrière. Pour la galeriste Dominique Fiat, qui représente Eva Nielsen : « Peindre, c’est justement un excellent challenge pour un jeune artiste : il se confronte à un médium qui n’est pas lié à son époque et reste intemporel. Il s’agit donc bien, en peignant, d’aller au-delà d’une époque et de ses modes pour viser une universalité et atteindre une réflexion sur l’homme et le rapport qu’il établit avec l’univers qui l’entoure, et sur la façon qu’il a de l’appréhender. »  

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°676 du 1 février 2015, avec le titre suivant : À quoi bon peindre aujourd’hui ?

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