Livre

Quand l’art donne des envies de meurtre

Par Anne-Cécile Sanchez · L'ŒIL

Le 4 janvier 2019 - 442 mots

PARIS

Un capitaine de police qui collabore étroitement avec une historienne de l’art ? Le scénario n’est pas banal.

Art du Crime
L'art du Crime, diffusé le vendredi soir sur France2
© Photo : Philippe Leroux

Il étonne d’autant plus que c’est celui d’une série diffusée le vendredi soir sur France 2. L’Art du crime, c’est son titre, revient pour une deuxième saison – trois fois deux épisodes – et l’on peut s’interroger sur ce qui a motivé sa production. Car non seulement l’un des personnages principaux, Florence Chassagne, est une experte en histoire de l’art, mais chaque enquête entraîne les protagonistes sur les traces de grands peintres : Monet, Courbet ou Bosch. Nous voulions faire « une série policière qui renouvelle le genre », explique, chez Gaumont Télévision, le producteur Arnaud de Crémiers. L’idée de situer des crimes « dans le monde de l’art », peu exploitée en télé, s’est imposée rapidement. Avec toutefois une contrainte : les artistes évoqués doivent appartenir au passé. Pas question, pour des raisons évidentes de droits d’auteur, de filmer des fleurons de l’art moderne ou des personnalités de la scène actuelle. Pas de petits meurtres entre amis de l’art contemporain au programme, donc. D’autant que dans L’Art du crime,« ce ne sont pas les cadavres mais les tableaux que l’on dissèque », souligne Arnaud de Crémiers. De fait, les scènes tournées dans un laboratoire immaculé du Louvre – reconstitué en studio – remplacent celles qui se déroulent habituellement dans un décor de morgue. Car la série est construite selon une dynamique qui entremêle l’enquête policière et l’analyse artistique : c’est dans la vie et l’œuvre d’un peintre que résident les indices qui font avancer l’intrigue. Chaque épisode est donc prétexte à un topo didactique et à quelques visites au musée. Se divertir tout en apprenant quelque chose caractérise en effet le téléspectateur moderne qui ne veut pas mourir idiot devant son petit écran. Ce type de programme, mixant les codes de la fiction avec ceux du documentaire, tente de satisfaire cette aspiration afin de s’assurer des parts de marché. Les résultats obtenus par la première saison – 4,6 millions de spectateurs en « audience consolidée » comprenant les vues en « replay » – ont donné le feu vert pour une deuxième salve d’épisodes. Si le succès de ces derniers se vérifie, le tournage de la troisième saison, déjà écrite, sera lancé. Dans l’attente, une déclinaison digitale en a été réalisée ; on peut la visionner sur le site de France Télévisions. Intitulée « Une nuit au labo », elle suit deux anciens élèves de Florence Chassagne, post-adolescents aux hormones bouillonnantes condamnés à remettre en état avant l’aube une toile de Van Gogh malencontreusement endommagée. Mission impossible ? La performance sera surtout d’accrocher l’internaute à ce challenge performatif à base de colle et de pinceaux.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°719 du 1 janvier 2019, avec le titre suivant : Quand l’art donne des envies de meurtre

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