Photo Poche fait sa petite révolution

L’évolution de la charte graphique, confiée à Pierre Péronnet et Wijntje Van Rooijen, ne passe en effet pas inaperçue. Terminé, l’aplat noir brillant de la couverture qui la singularisa dès sa parution. Place désormais à un fond blanc brodé d’un liseré à la teinte légèrement colorée, variant d’un numéro à un autre. Le changement est radical, osé, même. De fait, c’est une petite révolution au sein d’une sacro-sainte collection qu’a menée la photographe Géraldine Lay peu de temps après sa nomination au poste d’éditrice pour la photographie et l’art contemporain aux éditions Actes Sud, en novembre 2019. « L’idée était de la réinscrire dans le paysage contemporain en termes de visuel, tout en respectant à la fois l’idée de départ de ce projet éditorial (être un premier accès à l’œuvre d’un photographe, à petit prix), et ses fondamentaux », explique Géraldine Lay.

Format (12,5 x 19 cm), nombre de pages (144), part belle donnée aux photographies et aux textes en introduction rédigés par un spécialiste de l’œuvre ou du moins à un auteur qui en connaît les ressorts, demeurent les mêmes. Seule la maquette intérieure a été repensée pour apporter un confort de lecture qui faisait défaut. L’adoption d’une nouvelle police (la Reply, créée en 2021 par le designer François Rappo) et d’un nouveau papier, fort agréable au toucher, y participe. La biographie, la bibliographie et la sélection des expositions principales sur l’œuvre retraversée gagnent pour leur part en teneur.

Les trois premiers titres édités sous cette nouvelle identité visuelle (Samuel Fosso, Frank Horvat et Klavdij Sluban) redonnent des règles qui s’étaient relâchées au fil des temps. La publication en anglais de Photo Poche par Thames & Hudson avait déjà fait évoluer la charte graphique il y a quelques années en introduisant de la couleur. Géraldine Lay, qui s’est occupée pendant près de vingt ans de la fabrication de la collection avant d’en prendre la direction, va donc encore plus loin avec en point de mire l’objectif « de séduire un public nouveau et jeune que la collection, qui a toujours marché, ne touchait peut-être plus. Cette collection à vocation populaire doit le rester et non devenir une niche de collectionneurs », dit-elle. Les ventes des trois nouveautés du premier semestre et des trois prochaines programmées à l’automne (Sophie Calle, Erwin Blumenfeld, Charlotte Perriand) seront un indicateur. Car le choix de la nouvelle couverture, aussi élégante soit-elle, se distingue bien moins que celle de son aînée.