Livre - Histoire de l'art - Restauration

HISTOIRE DE L’ART

Le XIXe siècle, âge d’or des amateurs

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 10 avril 2024 - 298 mots

Dans un livre très dense, Barbara Jouves-Hann éclaire les rapports, de 1789 à 1870, entre collectionneurs de peintures et musées d’une part, marchands, experts et restaurateurs d’autre part.

C’est la Révolution française, explique-t-elle, qui a fait prendre conscience aux amateurs d’art que les tableaux devaient être protégés et, s’ils avaient été victimes de vandalisme, restaurés. Cependant, il apparaît que la notion de vandalisme dépasse assez vite les destructions révolutionnaires. Elle recouvre aussi les changements de dimensions, nettoyages, rentoilages ou transpositions datant de l’Ancien Régime qui ont altéré voire dénaturé les œuvres.

Or, au XIXe siècle, les amateurs sont de plus en plus attentifs à l’authenticité ainsi qu’à l’état de conservation de leur collection et, de ce fait, aux dommages qui peuvent résulter de sa présentation au public. Les déboires du marquis de Hertford lors de l’exposition de Manchester en 1857 contribuent à l’apparition d’assurances tous risques pour ce type de manifestation. Quant aux marchands, ils doivent désormais compter avec les connaissances qu’acquièrent peu à peu les amateurs en matière de peinture et de restauration. Le XIXe siècle connaît une frénésie d’achats et il faut pouvoir déceler une copie ou un faux. « À cause […] de ces “pirates du commerce”, écrit l’autrice, dont les avis et expertises sont progressivement remis en question du fait d’une malhonnêteté et d’une vénalité grandissantes, […] les restaurateurs se voient de plus en plus sollicités en tant que conseillers. »

De grandes figures apparaissent, à l’exemple du peintre Simon Horsin-Déon (1812-1882), restaurateur, expert et collectionneur. Si le Musée du Louvre sélectionne rigoureusement ses restaurateurs, certains conservateurs sont critiqués pour leur interventionnisme sur les œuvres au point que, par exemple, Frédéric Villot dut démissionner. Au musée sont alors mises en place des commissions consultatives constituées d’artistes mais aussi de ces amateurs dont Barbara Jouves-Hann raconte l’irrésistible ascension.

Amateurs et restaurateurs de tableaux à Paris (1789-1870), Barbara Jouves-Hann,
Éditions de la Sorbonne, 360 p., 30 €.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°631 du 12 avril 2024, avec le titre suivant : Le XIXe siècle, Âge d’or des amateurs

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