Anthologie

Flash de nuit

Les légendaires photographies de nuit de Brassaï rééditées

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 27 novembre 2012 - 379 mots

Depuis des années, Jean-Loup Champion, responsable du département Livre d’art aux éditions Gallimard, portait le projet de consacrer un ouvrage exclusivement aux photographies du Paris nocturne de Brassaï, réalisées de l’hiver 1929 à 1934.

Diverses contraintes, liées notamment aux problèmes de succession et de consultation d’archives, retardèrent la réalisation de cet ouvrage dont la publication sous la plume de Sylvie Aubenas et de Quentin Bajac ramène à ces photographies de nuit légendaires qui le rendirent célèbres. « C’est pour saisir la beauté des rues, des jardins, dans la pluie et le brouillard, c’est pour saisir la nuit de Paris que je suis devenu photographe », disait Brassaï qui réalisa trois ouvrages mythiques à la poésie des rues parisiennes et à ces femmes et ces hommes croisés ou rencontrés lors de ces marches infatigables dans les quartiers de la capitale et de sa périphérie.

Trois ouvrages épuisés qui, de Paris de nuit (Ed. Arts et Métiers graphiques, 1932), Voluptés de Paris (Paris-Publications, 1935) au Paris secret des années 1930 publié en 1976 aux éditions Gallimard, sont depuis longtemps devenus des pièces de collections. Aussi la reproduction de la grande majorité de leurs photographies « sauf celles en particulier sur les fumeries d’opium qu’il avait expressément demandé de ne plus publier après sa mort », précisent les auteurs, enrichies de photographies inédites, de maquettes dessinées par Brassaï, de publication d’articles, de maquettes de livres sur Paris jamais publiés, de planches-contacts et bien d’autres documents révélés, comme l’exemplaire non censuré de Voluptés de Paris, constitue-t-elle un inédit, un événement.

Une entreprise d’autant plus accomplie que la qualité de l’impression des photographies de Brassaï, au noir soutenu et aux déclinaisons de gris multiples difficiles à reproduire, est exceptionnelle, la maquette particulièrement soignée et que les textes des auteurs, écrits à la lumière de ses documents et de diverses correspondances en grandes partie inédites comme celle avec Henry Miller, reconstituent et analysent pour la première fois, et de manière vivante et limpide, la genèse et la chronologie de ses photographies de nuit. Avec en creux un portrait vibrant du photographe aux talents artistiques multiples qui trouva dans Paris, la nuit « sa voie et sa voix ».

Sylvie Aubenas et Quentin Bajac, Brassaï Le flâneur nocturne, Gallimard, 2012, 298 illustrations, 312 p., 65 €

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°380 du 30 novembre 2012, avec le titre suivant : Flash de nuit

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