Ventes aux enchères

Révolution russe : 3 millions d'euros pour les archives de l'amiral Koltchak 

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 22 novembre 2019 - 655 mots

PARIS

Les archives de l'amiral Alexandre Koltchak, dirigeant anti-bolchévique entre 1918 et 1920 ont été vendues jeudi à l'Hôtel Drouot à Paris pour un total de 3 millions d'euros : des pans de l'histoire nationale vue du côté des "Russes blancs".
Seuls 2 lots sur les 391 n'ont pas trouvé preneur.

Le Vice-amiral Alexandre Koltchak, commandant de la flotte de la mer Noire. Photographie de 1916. © Public Domain.
Le Vice-amiral Alexandre Koltchak, commandant de la flotte de la mer Noire. Photographie de 1916.
Photo Wikipedia

Figure majeure de l'armée blanche, l'amiral avait correspondu assidûment avec son épouse installée à Paris, et lui envoyait ses archives (documents officiels, photographies, manuscrits) avant d'être fusillé par les bolchéviques le 7 février 1920.

La vente, organisée par la maison Tessier et Sarrou, faisait suite au décès du petit-fils d'Alexandre Koltchak en 2018.

Le commissaire-priseur Rodolphe Tessier a jugé que la vente représentait "une grande réussite, pour nos clients d'abord, pour l'histoire russe et certainement pour les prochaines institutions qui exposeront ces archives". L'expert Ivan Birr y a vu "une réhabilitation vox populi de l'amiral Alexandre Koltchak", près d'un siècle après son exécution.

Rien n'a filtré sur les acquéreurs. Les enchères se sont faites principalement en salle, et des institutions russes, présentes, ont acquis plusieurs lots. Des députés russes avaient estimé que ces archives pouvaient être achetées par des riches hommes d'affaires russes et transférées dans un musée du pays... Comme cela avait été le cas en 2004 pour les œufs d'or du joaillier Karl Fabergé rachetés à New York par l'oligarque russe Viktor Vekselberg pour 100 millions de dollars.

Le 14 novembre, le ministre russe de la Culture Vladimir Medinski avait laissé entendre que son ministère n'avait pas l'intention d'acheter ces archives. "Le ministère de la Culture ne participe jamais directement aux achats de tels objets à l'étranger", avait-il dit.  "Ce sont nos musées, nos archives, des institutions qui s'en occupent s'ils représentent une valeur pour les musées et les archives, ou bien ce sont les mécènes qui les achètent et les laissent pour eux-mêmes ou bien les transmettent aux musées et archives", avait-il expliqué, cité par Itar-Tass. 

 Proclamation d'Omsk 

Quant au député Vladimir Jirinovski, leader du parti nationaliste LDPR, il a estimé que "si, au niveau de l'Etat, nous ne voulons pas ramener chez nous des documents aussi précieux, ce sont nos hommes d'affaires milliardaires qui doivent faire preuve de patriotisme".

Parmi les enchères les plus hautes, un "acte de nomination de la croix de Saint Georges" accordé à Koltchak par Nicolas II a été vendu 211 200 euros (frais inclus), et un document tapuscrit du commandant de la marine à Petrograd le 12 avril 1917 128 000 euros. Le passeport du lieutenant de marine Alexandre Vassiliévitch Koltchak émis le 4 juin 1900, a atteint 104 960 euros. Une lettre datée d'Omsk à son épouse du 20 octobre 1919 (120 320 euros) exprime sa confiance dans la victoire prochaine des Blancs. Une autre à un général  précise qu'en politique "il ne faut suivre aucun penchant sentimental" (97 280 euros).

Très attendu, le manuscrit autographe de la proclamation d'Omsk du 23 février 1919, inconnu des historiens, qui était estimé entre 30 000 et 40 000 euros, a été adjugée à plus du double (89 600 euros). Dans cette proclamation, Koltschak imaginait une Russie unifiée, opposée au système bolchevique qui "rejette tous les principes du devoir moral et patriotique". Koltchak déclarait "provisoire" ce gouvernement d'Omsk "jusqu'à ce que le peuple russe, libéré du bolchevisme, choisisse la forme du gouvernement qui lui convient". Il abordait la question agraire qui "devra être résolue en accord avec le peuple", ainsi que des questions sociales et économiques.

Le 15 novembre 1919, après de violents affrontements, l'Armée Rouge entrait à Omsk. En février 1920, Koltchak était livré par une délégation tchèque aux autorités révolutionnaires d'Irkoutsk et fusillé.

Une lettre poignante, envoyée à son épouse Sophie par un témoin, Palavine, décrit son exécution. Elle a été vendue 32 000 euros. Ce Palavine rapporte qu'aucun soldat du peloton n'accepta de tirer sur Alexandre Koltchak et qu'il a fallu trouver un individu condamné à être fusillé quelques jours plus tard pour tirer.

Cet article a été publié par l'AFP le 21 novembre 2019.

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